Animaux sauvages

Les macaques

Les macaques

Bien que les habitats des babouins soient étonnants dans leur diversité, la palme revient aux macaques. Après avoir remarquablement prospéré, ce groupe a conquis presque tous les habitats imaginables, des montagnes de l’Atlas marocain aux forêts tempérées du Japon. Certaines des 19 espèces de macaques occupent les habitats les plus extrêmes. Avec sa petite population de l’île de Gibraltar, le macaque de Barbarie (ou magot) est ainsi le seul primate non-humain d’Europe, tandis que le macaque du Japon est, à part l’homme, le primate vivant le plus au nord et le plus à l’est. À l’extrême nord du Japon, il doit endurer des hivers très rudes. Protégé par sa fourrure épaisse et fournie, il a adopté un comportement pour le moins inhabituel pour combattre la dureté hivernale : il se réchauffe en s’enfonçant jusqu’au cou dans des sources chaudes naturelles. Bien loin de ce climat glacial, le macaque à longue queue, ou macaque crabier, habite le sud-est de l’Asie.  Les macaques vivent dans les arbres et au sol ; comme les babouins, ils sont omnivores. Les espèces d’Asie ont des habitats et des modes de vie semblables à ceux des cercopithèques et des babouins d’Afrique. Certains, comme le macaque silène du sud de l’Inde, ressemblent, par leur allure et leur comportement, aux cercopithèques ; d’autres, tels le macaque rhésus, le macaque à bonnet et le macaque du Japon, se rapprochent plus des babouins. Si de grandes capacités d’adaptation caractérisent les macaques dans leur ensemble, elles sont encore plus marquées chez des espèces comme le macaque à longue queue, le macaque rhésus, le macaque couronné et le macaque à bonnet. Au contraire des autres singes, qui s’accommodent plutôt mal des modifications infligées à leurs habitats par l’homme, ces espèces y parviennent sans difficulté, et l’on peine même à contrôler leur nombre, ce qui leur a valu le surnom d’”espèces mauvaises herbes”. Les macaques du Japon vivent volontiers près de l’homme. Dans certaines régions, ils sont nourris et constituent une attraction touristique, ajoutant un peu de “couleur primatologue” au paysage enneigé. Le supplément de nourriture apporté par les touristes a provoqué une hausse du taux de natalité et une augmentation en flèche des populations. Les groupes de 1000 individus ne sont pas rares. Ces groupes gigantesques sont organisés autour d’un ensemble de familles matrilinéaires dirigées par une seule femelle. Les familles les plus dominantes sont généralement les plus grandes, et elles se réservent le meilleur des friandises des touristes. Lorsque ces groupes deviennent trop grands, l’ordre social se dégrade inévitablement, et les repas se transforment en mêlée ouverte.

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Les babouins

Les babouins

Les babouins sont d’autres singes bien connus des prairies africaines. Doué d’une grande faculté d’adaptation, ce groupe a particulièrement bien proliféré et occupe toute l’Afrique, des prairies humides de l’ouest aux pics montagneux du Sud. Leur prospérité tient en partie à leur régime alimentaire varié. Ils mangent presque tout, et s’ils semblent avoir une préférence pour les fruits, toute autre nourriture fait l’affaire. À l’aide de leurs mains assez semblables aux nôtres, ils excellent à déterrer les aliments que les autres animaux ne peuvent atteindre, comme les racines et les bulbes. La viande entre aussi dans leur régime alimentaire (une population d’Afrique de l’Est s’est rendue célèbre par la façon dont les mâles chassent les petites antilopes). Les babouins sont très bien adaptés à la vie terrestre. Les singes arboricoles sont dotés de jambes plus longues que les bras, ce qui assure leur équilibre (lorsqu’ils passent lentement d’une branche à l’autre, ils maintiennent leurs jambes en avant pour emmener le poids de leur corps). La vie terrestre exigeant une marche plus efficace, les bras doivent être sensiblement de la même longueur que les jambes. Les babouins ont donc des bras beaucoup plus longs que leurs cousins arboricoles, ce qui surélève leurs épaules par rapport à leurs hanches. Cet effet est encore accru, car ils marchent avec les doigts à plat et les paumes à la verticale. Outre une progression à quatre pattes plus aisée sur le sol, cette posture permet aux babouins de surveiller les alentours sans tendre le cou, alors que les patas, dont les épaules ne sont pas surélevées, doivent se tenir debout sur leurs jambes pour guetter les dangers. Bien qu’efficace, cette façon de marcher à toutefois un prix. : les pieds des babouins sont beaucoup plus plats que ceux des singes arboricoles, et moins adaptés à l’escalade des arbres. L’hamadryas, une sous-espèce de babouins, s’est adapté aux régions semi-désertiques du nord de l’Éthiopie et d’Arabie, et se nourrit principalement de graines de graminées, de racines et de bulbes. Plus petit que les autres babouins, il a une fourrure grise et une face rose. Le gélada, une autre espèce de babouins, est un parent plus éloigné des autres espèces d’Afrique. C’est l’unique survivant de toute une famille d’espèces de babouins, les Theropithécinés, qui prospèrent il y a 2 à 5 millions d’années. Le Theropithecus oswaldi, aujourd’hui disparu, pesait plus de 100 kg (l’équivalent d’un gorille de montagne femelle). Herbivores, les galadas ne se rencontrent que dans les montagnes d’Éthiopie. A l’instar des hamadryas, ils vivent au sein de grandes communautés complexes, à la hiérarchie très marquée. Cette vie sociale semble résulter de leur mode de vie particulier.   Les babouins mâles aiguisent leurs longues canines contre une dent de la mâchoire inférieure spécialement adaptée. Les cousins des babouins Bien que les mandrills et les drills des forêts d’Afrique occidentale ressemblent beaucoup aux babouins, ils sont plus apparentés aux mangabeys. Connus pour les “glouglous” puissants et rauques des mâles, les mangabeys sont les plus grands singes arboricoles. Leurs mâchoires, pourvues de larges incisives, peuvent casser les fruits les plus durs. Si l’on connaît bien les mangabeys, on en sait en revanche très peu sur les drills et les mandrills. Les mandrills mâles sont surtout connus pour leurs splendides marques faciales bleues et rouges, et leur postérieur d’un bleu soutenu. Comme les babouins, les mandrills vivent sur la terre ferme et semblent aimer les fruits. Ils forment des groupes jusqu’à 400 individus. Le spectacle d’une telle troupe traversant la forêt doit être impressionnant, mais, malheureusement, fort peu de personnes sont parvenues à les suivre.  

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Cercopithèques : naturellement différents

Cercopithèques : naturellement différents

Les cercopithèques forment l’un des groupes de primates les plus remarquables. Les fossiles de ces singes de petite ou de moyenne taille remontent à tout juste 2 millions d’années, à peu près l’époque où notre propre genre, Homo, est apparu. Au contraire des hommes dont une seule espèce vit aujourd’hui, les cercopithèques comptent parmi les groupes de primates les plus riches. On en connaît actuellement 24 espèces, dont la plupart appartiennent à une seule lignée, le genre Cercopithecus. Ce groupe, très diversifié, inclut aussi bien le petit talapoin de 1,5 kg que le patas de 10 kg, le plus gros d’entre eux. Figés dans la diversité Pourquoi le groupe des cercopithèques est-il aussi riche ? La réponse semble liée aux glaciations successives que connurent l’Europe et l’Asie au cours des deux derniers millions d’années. Alors que le front glaciaire s’éloignait de l’Arctique, le climat africain connaissait des épisodes plus froids et plus secs, qui causèrent la disparition des luxuriantes forêts d’Afrique centrale et occidentale. Après chaque glaciation, seules subsistaient de petites parcelles forestières isolées, où de faibles populations de cercopithèques ancestraux survivaient. Avec peu, voire aucun, échange de gènes entre les primates des différentes parcelles, les populations ont peu à peu divergé, jusqu’à devenir suffisamment différentes pour ne plus se reproduire entre elles et constituer des espèces à part entière. Le processus se répéta à chaque ère glaciaire, pour conduire à l’extraordinaire diversité des espèces actuelles. Parmi celles-ci, seuls les vervets et les patas ont véritablement réussi à coloniser la savane ouverte.   Des cousins haut en couleur La coloration de la fourrure, en particulier sur la face, reflète de façon frappante les différences entre les espèces de cercopithèques. Certaines d’entre elles, comme le cercopithèque moustac (cercopithecus cephus) et le cercopithèque à diadème, ou singe bleu (C.mitis), ont une robe assez terne, tandis que d’autres, tels le cercopithèque diane (C.diana) et le cercopithèque de Brazza (C.neglectus), ont des “tenues” assez spectaculaires. Le patas est également appelé singe hussard en raison de sa fourrure rousse, noir et blanc, et de ses longues moustaches blanches, qui évoquèrent, aux yeux des premiers explorateurs européens, un hussard du XIXe siècle en grand uniforme. Nouveau venu dans la famille, le cercopithèque solatus (C.solatus) n’a été découvert qu’en 1986, dans les forêts profondes d’Afrique occidentale. On n’explique toujours pas comment il a pu demeurer caché aussi longtemps dans ces habitats relativement bien connus. Adaptation et prolifération Alors que toutes les autres espèces de la famille sont assez localisées, avec des distributions géographiques restreintes, le patas et le vervet se rencontrent dans pratiquement toute l’Afrique subsaharienne. Ils se différencient des autres cercopithèques (tous arboricoles et forestiers) par leur vie au sol et leur préférence pour les bois et les prairies. Cette adaptation aux habitats plus ouverts résulte peut-être des tentatives de leurs ancêtres respectifs pour survivre hors des forêts en déclin durant une ère glaciaire. Leur aire de répartition devait être plus étendue, facilitant les échanges entre groupes et les préservant de l’isolation génétique que connurent les cercopithèques des forêts. Formation de nouvelles espèces Les vervets (qui viennent de se voir attribuer leur propre genre, Chlorocebus) fournissent un bon exemple de la façon dont des populations peuvent diverger et former de nouvelles espèces au fur et à mesure de leur isolement géographique. Probablement originaires des environs du lac Victoria en Ouganda, ils ont graduellement progressé vers l’ouest et le sud à travers la savane. Aujourd’hui, si deux populations de vervets voisines sont très semblables, celles qui vivent à chaque extrémité de la répartition géographique sont assez différentes. Plusieurs sous-espèces se sont ainsi formées, puis ont, au fil du temps, évolué en espèces distinctes.  

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Les singes de l'Ancien Monde

Les singes de l’Ancien Monde

Les singes d’Afrique et d’Asie (dits de l’Ancien Monde) ont des régimes alimentaires et une organisation en groupes semblables à ceux du Nouveau Monde, mais leurs habitats sont beaucoup plus diversifiés. C’est en grande partie la conséquence de leur passage d’un mode de vie arboricole à un mode de vie terrestre. Les colobinés Comme pour les singes du Nouveau Monde, on peut séparer les singes de l’Ancien Monde selon qu’ils sont essentiellement frugivores ou folivores. Les folivores africains et asiatiques sont regroupés sous le nom de Colobinés. Si leur estomac rappelle celui des singes hurleurs grâce à sa grande taille, il est néanmoins plus complexe et plus efficace. Singulièrement aiguisées, les molaires des Colobinés déchirent les feuilles en tout petits morceaux, ce qui facilite la digestion. Ils choisissent de préférence les jeunes feuilles tendres, et la plupart d’entre eux complètent leurs repas avec des fleurs, des fruits et des graines. On dénombre vingt-huit espèces de Colobinés en Asie, et seulement neuf en Afrique. Les espèces asiatiques, souvent appelées langurs ou semnopithèques, se distinguent par la couleur de leur fourrure. Elles occupent une large zone qui traverse l’Inde, la Chine, le Vietnam, la Malaisie et les îles de Bornéo et de Java. La plupart vivent dans les forêts, mais certaines, comme l’entelle d’Inde, occupent des habitats plus ouverts, y compris des zones urbaines. Les colobinés d’Asie, les plus exotiques, et malheureusement les plus menacés, sont le nasique de Bornéo et le rhinopithèque de Chine. Le curieux nasique doit son nom à la présence, chez le mâle, d’un nez énorme, charnu et pendant, semblable à une langue ; le nez des femelles est beaucoup plus petit, et en trompette. Deux fois plus gros que les femelles, les mâles exhibent une énorme bedaine où logent leur estomac et leurs longs intestins. Ils vivent aux abords des cours d’eau dans les mangroves, et on les voit souvent nager, un exercice très inhabituel chez les singes. Les rhinopithèques sont de proches parents des nasiques. Ils habitent les fortes de conifères des montagnes chinoises. Le rhinopithèque doré de Chine vit en groupes de 20 à 30 individus qui, à certaines périodes de l’année, se rassemblent pour former de grandes troupes pouvant compter jusqu’à 600 membres. Les colobinés d’Afrique vivent exclusivement dans les forêts, pour la plupart à l’ouest et au centre du continent. On les différencie par la couleur de leur fourrure et la longueur de leur poil. Les feuilles de deux ou trois sortes d’arbres suffisent à nourrir le colobe blanc et noir, ou guereza, qui, n’ayant pas à s’éloigner pour les trouver, occupe des territoires assez restreints. Il est, par conséquent, moins vulnérable à la destruction de son habitat que la plupart des primates et se contente souvent de petites parcelles forestières. Le colobe blanc et noir à longs poils a un faible pour les graines, une caractéristique commune aux Colobinés d’Afrique occidentale, qui semble liée à l’abondance de graines comestibles dans les forêts. Le colobe noir, ou colobe satan, est un autre grand amateur de feuilles. D’autres espèces africaines sont plus difficiles sur la nourriture. Le colobe bai, par exemple, a une nette préférence pour les jeunes pousses. Celles-ci étant une denrée assez rare, il lui faut se déplacer davantage que le colobe blanc ou noir, d’où son territoire beaucoup plus étendu. Les colobes bais de l’île de Zanzibar, au large de la Tanzanie, ont un penchant encore plus étrange. On les voit fréquemment ronger des morceaux de charbon de bois, dont on a découvert qu’il neutralisait les toxines présentes dans les feuilles dont ils se nourrissent. Réaction intestinales Sans être aussi impressionnant que celui des vaches (qui en ont cinq), l’estomac des Colobinés folivores d’Afrique et d’Asie remplit bien sa tâche de digestion des feuilles. Il est constitué de deux parties et abouche sur de longs intestins, conférant une bedaine caractéristique à ces singes. La partie haute de l’estomac est totalement indépendante de la partie basse, remplie d’acide gastrique. La partie haute doit en effet être isolée de l’acide gastrique. Ainsi, elle est l’hôte de millions de bactéries qui font fermenter les feuilles, permettant la libération des nutriments énergétiques vitaux, qui autrement traverseraient l’organisme sans être digérés. Ces bactéries inhibent aussi les substances toxiques présents dans certaines graines. Parce qu’il leur faut rester longtemps, simplement assis à digérer, les Colobinés tendent à être moins sociables que les singes frugivores. Ils ne se livrent pas aussi souvent aux séances de toilettage et ont une hiérarchie plus informelle. Ceci est en partie dû à ce qu’ils n’ont géré de concurrence à se livrer (les feuilles sont si abondantes que chacun trouve sa part), mais surtout à ce qu’ils ne peuvent pas gaspiller leur énergie dans des bagarres, car, ironie du sort, il leur en faut beaucoup pour digérer. Certhopithèques, vervets et patas Les colobinés d’Afrique partagent leur habitat avec les singes frugivores de la famille des cercopithèques, plus petits. Cette vaste famille compte de nombreuses espèces chacune représentant des couleurs distinctives sur sa fourrure et sa face. Bien qu’essentiellement frugivores, les cercopithèques les plus petits, comme le cercopithèque ascagne d’Afrique de l’Est, mangent des insectes qui leur fournissent des protéines ; les plus corpulents, tels le singe bleu ou le singe diane, se tournent aussi vers les feuilles, les insectes ne pouvant suffire à leur fournir les protéines dont ils ont besoin. Les types d’insectes et les techniques de capture diffèrent d’une espèce à l’autre, ce qui semble autoriser la cohabitation de plusieurs d’entre elles dans un même habitat sans trop de compétition. Tous les cercopithèques ne vivent pas dans les forêts. Les vervets et les patas ont élu domicile dans la savane. Les vervets sont circonscrits aux zones forestières étroites qui longent les berges des cours d’eau (appelées forêts-galeries) et sont aussi à l’aise dans les arbres que sur la terre ferme. S’ils se nourrissent parfois de la sève des acacias, ils marquent une préférence pour les fruits. Les patas, en revanche, sont de réels habitants de la savane. Ils vivent en petits groupes dans des habitats très ouverts, et, au cours de l’évolution, se sont vus dotés de longues jambes, essentielles pour fuir rapidement les prédateurs des plaines africaines. Les singes sacrés La vie est parfois rude pour les singes. Trouver sa nourriture et éviter les dangers sont des occupations à plein temps, surtout quand les conditions environnementales sont difficiles et que la nourriture se fait rare. Certaines espèces sont cependant plus chanceuses que d’autres, et les mieux lotis sont peut-être les entelles, ou langurs Hanuman, qui tiennent leur nom du dieu-singe Hanuman. Selon la mythologie hindoue, Hanuman accompagna le dieu Rama au Sri Lanka pour y rechercher Sita, la femme de ce dernier, enlevée par le démon Ravana, le roi du Sri Lanka. Hanuman déroba un plant de manguier et le rapporta en Inde, où cet arbre ne poussait pas. Puni pour son forfait, il fut condamné au bûcher. En tentant d’échapper au brasier, sa face et ses pattes noircirent. La face et les pattes noires des entelles témoignent toujours de ce châtiment. Leur statut d’animal sacré les préserve des persécutions des hommes, bien qu’ils pillent souvent les cultures. Le jour de la fête d’Hanuman, ils reçoivent des offrandes dans les temples hindous. Et, si l’un d’entre eux meurt accidentellement (ils s’électrocutent fréquemment sur les câbles ou sont écrasés par les automobiles, les fidèles lui font des funérailles hindoues en bonne et due forme).  

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Les modes de vie des singes / les singes du nouveau monde

Les modes de vie des singes / les singes du nouveau monde

En émergeant à la lumière du jour, les singes se virent offrir un vaste éventail de possibilités. Libérés des contraintes du monde nocturne des prosimiens, ils purent s’approprier de nouvelles niches par delà les forêts tropicales, dans les savanes, les déserts et les plateaux montagneux. Les régimes alimentaires et les modes de vie se diversifièrent, des gommivores aux frugivores et même aux herbivores déclarés. Il est plus facile de mener une existence diversifiée le jour que la nuit, quand la visibilité réduite et la dépendance vis-à-vis des odeurs limitent le choix de la nourriture. Le changement de mode de vie s’accompagna de modifications sensorielles. A la différence des prosimiens, la vision devint le sens prédominant chez les singes, gagnant en netteté et en sensibilité aux couleurs, ce qui les aida à choisir les fruits les plus mûrs ou les feuilles les plus tendres, et leur permit d’être continûment aux aguets.   Les singes du nouveau monde Grâce à leurs facultés d’adaptation, les singes ont pu élire domicile à la fois dans l’Ancien Monde, en Afrique et en Asie, et dans le Nouveau Monde, en Amérique centrale et en Amérique du sud. Les singes de l’Ancien Monde et du Nouveau Monde présentent des différences caractéristiques et manifestent des modes de vie extraordinairement variés. Les singes du Nouveau Monde sont dits Platyrrhiniens, ce qui signifie “à narines écartées” : leurs narines sont en effet larges et dirigées sur les côtés, au contraire de celles, étroites et orientées vers le bas, des catarrhiniens (les singes et les grands singes de l’Ancien Monde). Les singes du Nouveau Monde se distinguent aussi de leurs cousins de l’Ancien Monde par leur queue préhensile dont ils se servent comme d’une cinquième main. Vivant exclusivement dans les forêts, ils n’ont pas la diversité d’habitats de ceux de l’Ancien Monde, mais ils n’en ont pas moins développé des modes de vie très divers. En termes de mode de vie, on peut séparer les singes du Nouveau Monde en deux grands groupes. Le premier comprend les ouistitis et les tamarins, des petits animaux qui voltigent d’une branche à l’autre en poussant des pépiements aigus, presque comme des oiseaux. Le second inclut les singes plus grands, aux apparences, comportements et régimes alimentaires plus variés. Certains d’entre eux sont frugivores, d’autres sont folivores ou granivores. Ouistitis et tamarins Ces très petits singes, guère plus grands qu’un écureuil, sont dotés d’un poil fin et soyeux, et d’une extraordinaire panoplie de moustaches, crinières, crêtes et touffes. Ce sont les seuls singes qui possèdent des griffes à la place d’ongles (hormis sur le gros orteil), celles-ci leur permettant de maintenir leur prise quand ils escaladent de gros troncs d’arbre. Ce sont des mangeurs de gomme. Leurs dents inférieures spécialement adaptées leur permettent de creuser des trous dans l’écorce pour favoriser l’écoulement de la gomme. Ils terminent souvent leurs repas en apposant leurs marques odorantes ou en urinant pour signaler que ces trous sont leur propriété, et dissuader d’autres ouistitis de venir s’y nourrir. Le ouistiti mignon est le plus grands mangeur de gomme : celle-ci compose près de 70% de ses repas. Les autres ouistitis se nourrissent essentiellement de fruits, ne se tournant vers la gomme que lorsque ces derniers viennent à manquer. Nectar, fleurs et petits animaux tels qu’escargots, lézards et grenouilles, agrémentent parfois leur quotidien. Dotés d’un régime semblable, les tamarins sont, eux aussi frugivores, mais montrent un goût moins marqué pour la gomme. Les habitats forestiers des ouistitis et des tamarins sont très variés. On les rencontre dans les hautes forêts tropicales humides et vierges, dans les forêts sèches, où les arbres sont nus la moitié de l’année, et dans les parcelles forestières de la savane amazonienne. C’est dans les forêts préservées qu’ils semblent le plus à l’aise et sont les plus nombreux. Ils apprécient également les zones de végétation touffue et les plantes grimpantes, où ils trouvent un abri sûr pour la nuit, ces petits primates étant souvent victimes des oiseaux de proie. La concurrence est rude entre les différentes espèces de ouistitis et, en raison de leur régime gommivore particulier, un habitat donné n’en abrite jamais plus d’une. En revanche, on voit fréquemment plusieurs espèces de tamarins partager le même habitat et s’unir pour le défendre. On peut ainsi voir des groupes de tamarins empereur (ainsi nommés à cause de leur longue moustache de type oriental) et de tamarins à tête brune (qui doivent leur nom à leur fourrure plus foncée sur la tête) partager leur territoire, se déplacer ensemble et rester en contact par leurs cris. Cette façon d’évoluer réduit l’éventualité d’attaques de prédateurs, améliore la défense du territoire et facilite la recherche de la nourriture. Les deux espèces se nourrissent sur les arbres et les plantes grimpantes dont les fruits mûrissent les uns après les autres au fil des semaines. Elles visitent donc les plantes tous les trois ou quatre jours pour manger les fruits mûrs et laisser aux fruits encore verts le temps de mûrir. En prenant leurs repas en même temps, les deux espèces savent où et quand trouver des fruits “à point”, évitant ainsi des allées et venues inutiles vers des sites déjà épuisées.   Une vie nocturne : Les douroucoulis, qui vivent en Amérique du Sud, sont des singes vraiment nocturnes. Ils se nourrissent de fruits, d’insectes et de feuilles, et vivent en petits groupes familiaux constitués d’un mâle, d’une femelle et de leur progéniture. Comme tous les animaux nocturnes, ils sont dotés de grands yeux pour voir le noir. Contrairement aux prosimiens, leurs yeux ne possèdent pas la couche réflective spéciale (le tapetum) qui affine la vision de ces derniers, et ils distinguent les couleurs. Ces étonnantes caractéristiques suggèrent que les douroucoulis ont pour ancêtres des singes diurnes qui seraient retournés à une existence régie par le clair de lune, probablement afin d’échapper aux oiseaux de proie, comme les faucons et les aigles. Bien que leur vision nocturne soit beaucoup plus fine que celle des autres singes, les douroucoulis ne sont pourtant pas complètement adaptés à une existence dans l’obscurité. Ainsi, ils tendent à être plus actifs à la pleine lune, dont la lueur les aide à se déplacer sur leur territoire. Les mâles profitent également de ces nuits claires pour asseoir leur revendication territoriale. Ils patrouillent le long de leurs frontières, manifestant leur présence par des sifflements. Petits et grands frugivores L’Amérique centrale et l’Amérique du Sud sont les hôtes de divers singes frugivores. Les capucins, ou sapajous, sont des singes robustes et trapus qui évoluent avec vélocité au sommet des branches. Ils sont dotés d’un cerveau beaucoup plus développé que ne le laisse supposer leur taille. Les fruits renfermant peu de protéines, ils complètent leur régime par des insectes, des escargots et d’autres petits animaux. Curieux et dévastateurs, ils provoquent moult dégâts dans la forêt lorsqu’ils recherchent des insectes. Certains capucins sont très friands des fruits du palmier, qu’ils ouvrent en les projetant contre les arbres. Les capucins sont les moins spécialisés des singes du Nouveau Monde et les plus disséminés, des forêts du Honduras en Amérique centrale à celles de l’extrême sud-est du Brésil. Si leur régime alimentaire est semblable à celui des capucins, les singes-écureuils (ou saïmiris) sont plus petits, plus graciles et moins forts. Ils ne peuvent pas déchirer les feuilles de palmier ou l’écorce des arbres pour y chercher des insectes. Ils se contentent d’attraper les chenilles et les larves sur les feuilles et les branches. Dotés de dents étroites et aiguisées, ils croquent cependant davantage d’insectes que les capucins. Les singes-écureuils vivent en groupe comprenant jusqu’à 40 individus. Ils peuvent ainsi se défendre contre les prédateurs et repousser les assauts des plus grands singes. Les autres petits frugivores du Nouveau Monde sont les callicèbes (ou titis) et les douroucoulis. Au contraire des singes-écureuils, ils vivent en petits groupes familiaux et piochent leurs protéines dans les feuilles plutôt que dans les insectes. Grâce à leur mode de vie strictement nocturne, ils évitent la concurrence avec les singes plus grands. Les atèles (ou singes-araignées), les plus grands singes du Nouveau Monde, se nourrissent de fruits et, à l’instar des callicèbes, trouvent leurs protéines dans les feuilles. Ils occupent les mêmes niches écologiques que les chimpanzés d’Afrique. Comme eux, leurs bras allongés et leurs épaules particulièrement souples leur permettent de se balancer allègrement dans les arbres. Mais, contrairement aux chimpanzés, leur queue est préhensile, et si puissante qu’elle peut supporter tout leur poids. On les voit d’ailleurs souvent se suspendre à une branche par la queue pour cueillir les fruits avec leurs mains. Les singes laineux, leurs proches parents, sont, eux aussi, essentiellement frugivores. Apparenté à la fois au singe laineux et à l’atèle laineux se montre, pour sa part, beaucoup plus friand de feuilles. Folivores et granivores Les singes hurleurs sont les spécialistes folivores du Nouveau Monde. Grâce à leurs mâchoires puissantes et à leurs larges molaires, ils peuvent broyer finement les feuilles. Elles sont transformées en nutriments dans leur énorme estomac et leur intestin grêle dilaté dans lequel les aliments fermentent partiellement. La digestion étant très longue, les singes hurleurs sont moins actifs que leurs congénères frugivores. En une journée entière, ils peuvent parcourir moins de 400 m, passant les trois quarts du temps à se reposer ; force est de constater que ce ne sont pas les animaux les plus captivants à observer ! Les singes hurleurs consomment néanmoins quelques fruits, souvent moins mûrs que ceux convoités par les autres singes ; Ils semblent particulièrement aimer les fruits très fibreux, comme les figues. Dotés, comme tous les singes du Nouveau Monde, d’une queue préhensile, ils ne s’en servent pas pour se balancer ou se suspendre aux branches, préférant se déplacer lentement au sommet des branches. Les singes granivores que sont les sakis et les ouakaris ont l’apparence la plus singulière. La face des sakis, très touffue, leur fait comme un masque, tandis que celle des ouakaris est totalement dénudée, découvrant une peau rouge vif. Les ouakaris vivent dans les forêts périodiquement inondées des bassins fluviaux d’Amazonie et de l’Orénoque. Bien que l’on ne sache d’eux que peu de choses, il paraît qu’ils se nourrissent de fruits et de feuilles aussi bien que de graines. Les sakis nous sont moins étrangers. Ils se nourrissent à 60% de graines de fruits verts. Cette proportion s’élève à 80% durant la saison sèche, pour tomber à 10% à la saison humide, quand les fruits abondent. Certains sakis sont capables d’ouvrir des noix très dures : dotés de muscles maxillaires très puissants, de canines robustes et d’un casse-noisette intégré” (formé par un creux entre les canines et les dents du fond), il leur suffit de les y coincer et de mordre.  

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Loris

Loris

Les loris sont des primates qui se déplacent très lentement, ce qui est pour eux une manière d’échapper aux prédateurs. Leur aire de répartition est la plus vaste de tous les prosimiens, avec trois genres en Afrique et deux en Asie. Les loris recherchent seuls leur nourriture, et communiquent essentiellement par le biais de marques odorantes. Les territoires des mâles sont plus grands que ceux des femelles et tendent à se chevaucher. Lorsqu’elles vont chercher de la nourriture, les mères abandonnent leur bébé sur une branche, où celui-ci attend leur retour. Les loris ne bâtissent pas de nids mais dorment lovés sur les branches durant la journée. Ils donnent naissance à un seul petit par portée. Les loris paresseux sont les plus grands et les plus robustes des deux genres vivant en Asie. Exclusivement nocturnes, ils se nourrissent de fruits et de gomme. Leur métabolisme est 40% plus lent que celui des autres animaux de même taille. Fiche signalétique Répartition Asie du Sud-Est Espèces Loris paresseux (Nycticebus coucang)Loris pygmée (Nycticebus pygmaeus) Poids moyen Femelles : de 630 g à 1,100 kgMâles : de 680 g à 1,3 kg Mode de vie Arboricole ; nocturne Type d’habitat Frondaisons et sous-bois des forêts tropicales humides primaires et secondaires et des forêts caduques Reproduction Première portée à 12 mois ; un petit par portée Taille d’un groupe 1 (parfois avec la progéniture) Type de groupe Animaux solitaires ; les territoires des mâles et des femelles se chevauchent Durée de vie max 14,5 ans Statut Pas encore en danger mais menacés par la destruction de leur habitat ; affectés par l’exploitation du bois, même modérée

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