
Aperçu historique de l’homéopathie vétérinaire

Le mot « homéopathie » date de 1796. Christian Friedrich Samuel Hahnemann, l’inventeur de cette méthode, le créa à partir de l’association de deux termes grecs : homoios, semblable, et pathos, souffrance. Plus tard, en 1800, il désigna la médecine classique par le terme « allopahtie » du grec allos, autre.
Les débuts
En 1810, Samuel Hahnemann, âgé de cinquante-cinq ans, publie son Exposé de la doctrine homéopathique : Organon de l’art de guérir. Il y actualise la tradition d’Hippocrate (v.460 – 377 av. J.C) et de Paracelse (v.1493 – 1541), et édicte la loi de la similitude.
Comme toutes les théories nouvelles, l’homéopathie eut ses partisans et ses adversaires acharnés. Le 17 mars 1835, l’Académie de médecine condamne sans recours les doctrines d’Hahnermann, suivie dix ans plus tard par son équivalent américain, l’American Medical Association. Toute la seconde moitié du XIXe siècle est secouée par l’affrontement entre irréductibles des deux bords.
Imperturbable, Hahnemann n’a de cesse d’enrichir sa Matière médicale homéopathique, répertorie des substances médicamenteuses utilisables en homéopathie. La première d’entre elles qu’il expérimente est le quinquina (china) ; il s’utilise alors lui-même comme cobaye. Ayant absorbé de fortes doses de cette substance pendant plusieurs jours , il s’aperçoit que les symptômes similaires à ceux de la fièvre intermittente (paludisme) se manifestent chez lui. Il en déduit le principe suivant : « Le quinquina, qui détruit la fièvre, provoque chez les sujets sains les apparences de la fièvre ».
Suivant cette méthode, il éprouve alors chacun de ses remèdes sur des sujets sains, relevant scrupuleusement les symptômes qu’ils provoquent et leur ordre d’apparition. Cet énorme travail lui vaut une clientèle immense et une renommée internationale. En 1843, à la fin de sa vie, soixante et une substances avaient été expérimentées par ses soins et une centaine d’autres par ses élèves.
Parmi eux se trouvait Ruckert Ernst Ferdinand, dit « l’aîné », Né à Herrnhut en 1775, il est le médecin fondateur de l’homéopathie dans l’art vétérinaire : l’emploi de seulement cinq remèdes (Dulcamara, Aconit, Rhus toxicodendron, Bryonia et Helleborus) a déterminé toute sa pratique thérapeutique !
En 1833, presque vingt-cinq ans après la parution de l’Organon, devenu bible de l’homéopathie, le vétérinaire Guillaume Lux publie à Leipzig Zooiasis où il proclame : « De même qu’il n’y a qu’une anatomie, qu’une physiologie, il n’y a qu’une pathologie, qu’une matière médicale, qu’une médecine pour tous les êtres vivants ». Marcel Ferréol, qui pratiqua la médecine vétérinaire à Genève au siècle dernier, a eu la curiosité et la patience de lire, dans le texte, les quatre-vingts premières observations cliniques de Lux. Il a constaté que celui-ci n’utilisait que quatre remèdes pour guérir toutes sortes d’affections : Nux vomica, Camphora, Aconitum et Opium. Ainsi, coliques de chevaux, indigestions du bétail, boiteries, étaient soignées avec le « pauvre »arsenal thérapeutique. Pour guérir la morve du cheval et le charbon du mouton, Lux avait toutefois recours aux dilutions isopathiques.
Naissance de l’isothérapie
L’isothérapie est une technique consistant à préparer des dilutions homéopathiques à partir de prélèvements de pus d’abcès, d’urine, de salive, de sang, de calculs urinaires ou de placenta, prélevés sur le sujet même.
La première étude sur l’isothérapie est publiée en 1833 par Guillaume Lux à Leipzig. Il déclare alors : « toutes les maladies contagieuses renferment dans leur produit même les éléments de leur guérison ». Il conseille déjà de « dynamiser » les sécrétions pathogènes à la trentième CK (5CH). Quelques années plus tard, son compatriote Gross prépare la « vaccinine » contre la variole à la dilution 3 CH, tandis que Constantine Hering met au point, aux Etats-Unis, un « nosode » encore largement utilisé de nos jours en médecine animale : Psorinum, préparé à partir du grattage de gale.
Deux ans à peine après la parution de Zooiasis, F.A Gunther, dans une étude intitulée Die Krankenheiten des Pferles, affirme, quant à lui, avoir éprouvé cent quatre-vingt-huit remèdes. Son livre remporte un tel succès que cinq éditions en allemand vont se succéder…
Au milieu du XXe siècle, un médecin américain du nom d’Humphreys contribue grandement aux progrès de l’homéopathie vétérinaire. Ses remèdes homéopathiques, déjà fameux dans le domaine médical humain, sont en effet utilisés en médecines des animaux vers les années 1860, il rappelle combien « il y a vingt-cinq ans, la médecine vétérinaire était brutale ».
Les recherches en la matière ne cessent de s’approfondir. En 1892 est publié à Paris le Nouveau Manuel de médecine vétérinaire homéopathique » (Paris éditions J.B Baillière) de F.A Gunther et J. Prost Lacuzon. Plus de cent soixante pages y sont consacrées aux maladies du cheval et une centaine aux troubles bovins. La pathologie des ovins, des chèvres, des porcs, ainsi que celle des chiens et des chats, font l’objet de chapitre particuliers.Celle des oiseaux, en revanche n’occupe que cinq pages… Cette année est marquée également par la parution du dernier volume des Guiding Symptoms de Constantine Hering, installé aux Etats-Unis depuis 1833 et créateur, en 1848, du collège médical Hahnemann à Philadelphie.
Constantine Hering (1800 – 1880)
Constantine Hering peut être considéré comme le véritable propagateur de l’homéopathie en Amérique du Nord, bien que, dès 1825, on puisse signaler la présence à New York du médecin danois Hans Burch Gram.
Né en Saxe (Allemagne), le 1er Janvier 1800, Hering fit ses études de médecine à Dresde, puis à Leipzig, où il eut comme maître le professeur Robbi, un ancien chirurgien de Napoléon qui le chargea de rédiger un ouvrage destiné à ridiculiser, à accabler et à confondre la nouvelle thérapeutique hahnemanienne.
Hering rejoignit donc Hahnemann, auprès de qui il étudia avec soin l’homéopathie. Après avoir lu tout ce qui la concernait, il expérimenta sur lui les remèdes et constata en parfaite honnêteté les excellents résultats obtenus dans la pratique. Converti à l’homéopathie dont il devint un adepte convaincu en le défenseur le plus acharné, il fut mis à la porte de la Société de pathologie qui, auparavant, avait apprécié ses mérites.
En 1826, il fut reçu docteur en médecine à Wurtsbourg où il présenta sa thèse : »Medecina futura », où il prônait cette médecine d’avant-garde, véritable révolution de la thérapeutique.
L’année suivante, il part avec le naturaliste Weinhold en mission de recherche botanique et zoologique en Amérique du Sud et séjourne en Guyane, où il continue à exercer la médecine homéopathique. C’est là-bas, à Paramaribo, au Surinam, qu’il expérimenta Lachesis, le venin de serpent mortel au prix d’atroces souffrances. Pour l’anecdote, il rapporta, en 1828, dix gouttes de ce venin. A partir de cette souche minime furent préparées toutes les dilutions homéopathiques du monde jusqu’en 1868 !
Après un séjour de six ans sous les tropiques, il repartit en bateau en longeant les côtes de Pennsylvanie, et, à la suite d’un naufrage, il débarque en 1833 à Philadelphie. Il devait s’y installer comme médecin et y pratiquer avec succès la médecine homéopathique durant quarante-sept années.
Il maintint assidûment une abondante correspondance avec son maître Hahnemann jusqu’en 1843, date de la mort de ce dernier à Paris.
Hering fut le fondateur des premiers instituts d’enseignement homéopathique aux Etats-Unis. En 1835, il crée l’Académie de l’Amérique du Nord pour la médecine homéopathique (Homeopathic Mecical College of Pennsylvania) à Allenstown, avec la collaboration de Wesselholft, son compatriote, ami Gœthe, et du naturaliste suisse Henry Detwiller, installé à Philadelphie en 1828. Cet institue publie, en 1836, la première édition américaine de l’Organon d’Hahnemann. Un autre institut, l’Hahnemann Medical College of Philadelphia, est fondé en 1848.
Travailleur infatigable, il contribua en 1844 à la création de l’American Institute of Homeopathy, encore actif de nos jours, et à la création d’hôpitaux et polycliniques à travers les Etats-Unis.
Il publia, tant en allemand qu’en anglais, des centaines d’articles et plusieurs livres dont le plus volumineux est le fameux Guiding Symptoms, matière médicale monumentale constituée de dix volumes.
Les parutions du début du XXe siècle témoignent de l’intensité des recherches en homéopathie vétérinaire qui s’effectuent alors. Aux Etats-Unis, James Tyler Kent publie son Répertoire en 1900, sa Matière mécicale en 1904 et sa Philosophie homéopathique en 1919. Se succèdent, entre autres les Key-Notes de Timothy Field Allen et les dix volumes de l’Encyclopedia of Materia Medica. En Angleterre, la diffusion de quelques Vademecum et pocket books (notamment ceux de Scheeffer, Gooday, von Rosenberg et Rush) confirme l’intérêt suscité par l’homéopathie vétérinaire à cette époque.
Après la Première Guerre mondiale, en 1926, Willmar Schwabe, à Leipzig, publie son Grosser Illustrierte Haustierarzt, qui se termine par un répertoire de plus de mille symptômes, au demeurant très incomplet. Il marque néanmoins une date dans l’histoire de la médecine vétérinaire. D’autres répertoires le suivent : ceux de William Boericke en 1927 et de Cyrus Boger en 1931. Ce dernier, intitulé Synoptic Keys of the Materia Medica (New Dehli, éditions Jan) fut considéré par Ferréol « comme un des livres de chevet du vétérinaire qui veut mériter le titre d’homéopathe ».
source : dictionnaire d'homéopathie pour nos animaux de cie par le dr philippe de wailly

