Au bord d'une rivière de plaine
vie sauvage

Au bord d’une rivière de plaine

DE LEUR SOURCE A LEUR POINT DE RENCONTRE AVEC UN AUTRE COURS D’EAU, CERTAINES RIVIÈRES S’INTÈGRENT A TOUTES FORMES DE PAYSAGES, DANS UNE NATURE SAGEMENT MAÎTRISÉE PAR L’HOMME.

Au bord d’une rivière de plaine

Le réseau hydrographique de la France est d’une richesse exceptionnelle – des torrents de montagne jusqu’aux fleuves qui baignent les grandes villes. Chaque type de cours d’eau possède sa flore et sa faune propres qu’on peut découvrir à l’occasion d’une promenade.

Nombre de rivières de plaine sont contrôlées par des barrages, des écluses et des canaux. Cependant, les écluses traditionnelles ne sont pas des barrières infranchissables, surtout pour les oiseaux qui les survolent sans souci. C’est plus difficile pour les poissons, mais les espèces migratrices, comme le saumon qui remonte vers l’amont, sont capables de franchir les petits barrages ou utilisent des échelles disposées exprès pour eux.

même au coeur de l’hiver, les cours d’eau de plaine ont un charme indéniable rehaussé par les dentelles de glace et de neige qui se détachent sur fond de paysage enneigé

Les rives des cours d’eau qui ont été bétonnées ou bâties d’une manière quelconque, ce qui détruit la végétation, posent plus de problèmes. Sans couverture végétale, les espèces telles que les rats d’eau et les loutres sont défavorisées. Heureusement, l’importance de la végétation des berges est aujourd’hui reconnue et elle est développée grâce à la plantation d’essences adaptées -saule et peuplier.

 

Cygnes

Les oiseaux des cours d’eau sont plus faciles à repérer que les mammifères. Rares sont les rivières qui n’ont pas leurs cygnes tuberculés. Au printemps, ils s’accouplent et choisissent un site de nidification, parmi les joncs, les carex ou les roseaux, tout près du bord de l’eau. A cette époque, les cygnes mâles sont assez agressifs, notamment envers les chiens.

Là où l’on a permis aux arbres de pousser, la faune et la flore des rives sont favorisées. Les saules, les peupliers et les aulnes s’épanouissent sur les sols humides et fertiles et ils contribuent à créer des habitats précieux pour les espèces animales et végétales. Les cônes d’aulnes attirent des bandes de sizerins flammés et parfois de tarins des aulnes.

Au printemps et au début de l’été, écoutez le chant des oiseaux des bords de fleuve. Le chant du bruant des roseaux, aux intonations mélodieuses et enjouées, est fréquent à proximité des fossés où poussent des roseaux.

L’un des premiers arrivés en été est le pouillot véloce, qui lance son chant depuis une haute branche au bord de l’eau. La fauvette à tête noire fréquente aussi les arbres et les broussailles des rives. Son proche parent, la fauvette des jardins, aime les plantations de peupliers, notamment là où le sol est abondamment couvert de végétation, avec des orties et des plantes palustres.

Les sous-bois de saules et les terrains marécageux aux abords des rivières attirent souvent les rousserolles aux cris insistants et métalliques.

Là où poussent des roselières, les rousserolles effarvattes se reproduisent quelquefois. De tels sites accueillent aussi des grenouilles rousses et des couleuvres, un de leurs principaux prédateurs. On voit parfois des couleuvres nager dans les cours d’eau.

Les terrains marécageux près des rivières attirent des échassiers tels que la bécassine et le chevalier gambette. Ils se nourrissent près de la rivière, sur le sol humide, et s’y reproduisent occasionnellement au printemps.

Bergeronnettes grises

Les bergeronnettes sont associées aux cours d’eau. Les bergeronnettes grises, qui picorent sur la vase humide des berges, peuvent être observées à n’importe quelle époque et les bergeronnettes des ruisseaux sont rarement loin de l’eau. Elles nichent au bord des torrents de montagne, mais se rencontrent aussi dans les parties inférieures des cours d’eau, au voisinage des barrages et des cascades. La bergeronnette flavéole fréquente les berges en été, de préférence les pâturages humides qui bordent souvent les cours d’eau.

Les colverts sont présents sur la plupart des cours d’eau de plaine ; on les remarque facilement, sauf certaines espèces farouches ou rares. Là où le courant est moins rapide, vous pouvez voir des fuligules morillons ou des fuligules milouins, espèces qui se nourrissent en plongeant. Certaines rivières attirent des mergules à poitrine rouge avides de poissons et leurs cousins les harles bièvres.

Les foulques et les poules d’eau sont des espèces noires, que l’on confond parfois de loin. Mais, les foulques sont plus grandes et passent leur temps à nager en eaux libres et à plonger pour pêcher. Elles ont un écusson frontal blanc en haut du bec et se déplacent dans l’eau grâce à leurs pattes palmées. Les poules d’eau sont plus à l’aise sur les rives ou parmi la végétation. Elles ont du rouge sur le bec et des zones blanches sur la queue.

Les poissons sont abondants et variés dans la plupart des rivières et on peut observer nombre d’espèces lors d’une promenade sur les berges. Les espèces varient selon le type d’habitat aquatique et la vitesse du courant, mais carrelets, barbeaux, truites et chevaines sont communs.

Les observateurs chanceux apercevront un brochet tapi parmi les herbes aquatiques sur les marges des rivières ou sur le bord de profonds étangs. Sa coloration irrégulière le rend difficile à repérer, à moins qu’il ne lance une attaque éclair sur une proie passant à sa portée.

Le martin-pêcheur

 

D’un naturel plutôt farouche, les martins-pêcheurs sont parfois très difficiles à observer. Cela vient aussi du fait qu’ils passent beaucoup de temps immobiles, cachés au milieu de la végétation des rives, sur une branche au-dessus de l’eau. Leur plumage aux vives couleurs ne change rien. On n’a souvent qu’une vision fugitive de cet oiseau filant comme l’éclair le long du cours d’eau très près de la surface. Pour avoir une chance d’en observer un plus longuement, on peut guetter son sifflement aigu et criard, presque toujours lancé quand il est alarmé et prêt à s’envoler, cela vaut la peine d’attendre dans les environs car il y a des chances pour que ce martin-pêcheur revienne bientôt à son poste de guet favori pour continuer de pêcher. L’observation rapprochée de cette espèce, même si elle est difficile, vaut bien une attente prolongée car son plumage est le plus éclatant de tous les oiseaux vivant dans notre pays, notamment le bleu et le vert de ses ailes, de son dos et de sa tête. Ces couleurs iridescentes changent d’intensité selon l’angle de la lumière.

Le campagnol terrestre

Le campagnol terrestre est l’hôte qui symbolise le mieux les berges. Ces rongeurs, qui recherchent les rives boueuses et les eaux relativement épargnées par la pollution, sont de bons indicateurs de l’état de santé d’un cours d’eau. Il vous faudra patiemment scruter une longue section de rivière avant d’avoir la chance d’apercevoir cet animal original, car il se déplace dans l’eau en ayant presque tout le corps immergé. Les campagnols terrestres explorent la végétation des berges et creusent leurs terriers dans leurs parois. Examinez minutieusement les plantes délimitées à la surface de l’eau ou non loin, c’est peut-être l’indice que l’entrée d’un terrier de rat d’eau se trouve juste en dessous. Ces animaux grignotent parfois entièrement les plantes poussant tout près de l’entrée de leur terrier. Vous trouverez sûrement aussi des tas de sciure ou des fragments d’écorce sur la berge, reliefs d’un repas de campagnol. Les trous qui mènent à la chambre de reproduction sont souvent remplis d’herbes et de vase.

Contrairement à nombre de mammifères sauvages, les campagnols terrestres sont principalement actifs pendant le jour, si bien que, s’il y en a dans le coin et en vous tenant tranquille, vous avez de bonnes chances d’en découvrir un.

Ces dernières années, la régression de la population des campagnols terrestres et de leur aire de distribution a alerté les espaces naturels de conservation de la nature. Mais, il existe quelques zones où l’espèce est encore commune.

La chauve-souris

 

Bien qu’on associe rarement les chauves-souris aux cours d’eau, plusieurs espèces aiment chasser au-dessus de l’eau et sont souvent observées à proximité de cours d’eau lents. Le vespertilion de Daubenton niche dans les bois près de l’eau et sort en fin de soirée pour chasser les phalènes et les éphémères. On voit fréquemment des pipistrelles, espèce la plus commune dans notre pays, chasser au-dessus des grands fleuves de plaine. Les chauves-souris profitent de la profusion d’insectes qui émergent de l’eau et sans doute aussi de l’espace dégagé qui leur permet de voler librement.

Le soir, vous verrez peut-être des pipistrelles, dont le vol est entrecoupé de virevoltes et de plongeons en piqué, quand elles chassent au-dessus de l’eau.

La libellule

Les caloptéryx vierges, dont les mâles ont les ailes traversées d’un reflet bleu violet, se trouvent près des cours d’eau rapides à fond caillouteux
Le caloptéryx éclatant mâle a des ailes marron rayées d’une bande bleu métallique. Cette espèce aime les cours d’eau rapides à fond vaseux.

Promenez-vous au bord d’un ruisseau de basse altitude au mois de juin ou de juillet et l’un des spectacles les plus réjouissants qu’il vous sera donné de voir sera une ou plusieurs espèces de libellules, voletant au-dessus de l’eau avec des battements d’ailes de papillons. En France, nous avons plusieurs espèces de demoiselles, dont le caloptéryx éclatant et le caloptéryx vierge, qui ont chacun des exigences particulières en matière d’habitat. Chez ces deux espèces, les mâles semblent se livrer au jeu du chat et de la souris, se poursuivant assez près de l’eau. Les femelles des deux espèces ont les ailes de couleur unie, verdâtres pour le caloptéryx éclatant et marron pour le caloptéryx vierge.

La loutre

 

Les loutres chassent le plus souvent au crépuscule ou la nuit. Cependant, vous aurez peut-être le privilège d’en voir une nager en laissant une marque en U derrière elle. Les loutres ont besoin d’une végétation dense pour pouvoir se reproduire près des rivières — les fourrés et les vieux arbres avec de nombreux trous près des racines leur permettent de construire leurs gîtes. L’amélioration de la qualité de l’eau et le rétablissement des stocks de poissons permettent aux populations de loutres de se reconstituer et cet hôte fascinant des cours d’eau est en train de re-coloniser lentement ses anciens habitats.

Les loutres ont des sites de pêche favoris et, en attendant, non loin de là, vous aurez sûrement l’occasion d’apercevoir cet animal.

Le grèbe

Dans les rivières de plaine où ils ne risquent pas d’être dérangées, les grèbes huppés tolèrent la présence des observateurs.

Les grèbes sont parmi les oiseaux aquatiques les plus élégants. Le minuscule grèbe castagneux au corps assez trapu est éclipsé par le grèbe huppé dont la crête huppée — ou plutôt l’aigrette de plumes du cou — n’est visible qu’à la saison des amours. Ces deux espèces se reproduisent occasionnellement aux bords des rivières de plaine, où elles construisent leur nid au milieu de la végétation flottante, dans les eaux dormantes où le courant est très lent.

 
Une plainte sonore révèle la présence du grèbe castagneux, mais il est difficile à voir. Lorsqu’il est dérangé, il se glisse sous l’eau et n’en ressort que lorsqu’il est hors de vue et hors de danger.

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