Cercopithèques : naturellement différents
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Cercopithèques : naturellement différents

La face surprenante du cercopithèque de Brazza. La plupart des espèces se différencient grâce à leurs marques faciales.

Les cercopithèques forment l’un des groupes de primates les plus remarquables. Les fossiles de ces singes de petite ou de moyenne taille remontent à tout juste 2 millions d’années, à peu près l’époque où notre propre genre, Homo, est apparu. Au contraire des hommes dont une seule espèce vit aujourd’hui, les cercopithèques comptent parmi les groupes de primates les plus riches. On en connaît actuellement 24 espèces, dont la plupart appartiennent à une seule lignée, le genre Cercopithecus. Ce groupe, très diversifié, inclut aussi bien le petit talapoin de 1,5 kg que le patas de 10 kg, le plus gros d’entre eux.

Les patas, du groupe des cercopithèques, habitent la savane. Leurs longues jambes leur permettent de fuir très vite les prédateurs.

Figés dans la diversité

Pourquoi le groupe des cercopithèques est-il aussi riche ? La réponse semble liée aux glaciations successives que connurent l’Europe et l’Asie au cours des deux derniers millions d’années. Alors que le front glaciaire s’éloignait de l’Arctique, le climat africain connaissait des épisodes plus froids et plus secs, qui causèrent la disparition des luxuriantes forêts d’Afrique centrale et occidentale. Après chaque glaciation, seules subsistaient de petites parcelles forestières isolées, où de faibles populations de cercopithèques ancestraux survivaient. Avec peu, voire aucun, échange de gènes entre les primates des différentes parcelles, les populations ont peu à peu divergé, jusqu’à devenir suffisamment différentes pour ne plus se reproduire entre elles et constituer des espèces à part entière. Le processus se répéta à chaque ère glaciaire, pour conduire à l’extraordinaire diversité des espèces actuelles. Parmi celles-ci, seuls les vervets et les patas ont véritablement réussi à coloniser la savane ouverte.

 

Des cousins haut en couleur

La coloration de la fourrure, en particulier sur la face, reflète de façon frappante les différences entre les espèces de cercopithèques. Certaines d’entre elles, comme le cercopithèque moustac (cercopithecus cephus) et le cercopithèque à diadème, ou singe bleu (C.mitis), ont une robe assez terne, tandis que d’autres, tels le cercopithèque diane (C.diana) et le cercopithèque de Brazza (C.neglectus), ont des « tenues » assez spectaculaires. Le patas est également appelé singe hussard en raison de sa fourrure rousse, noir et blanc, et de ses longues moustaches blanches, qui évoquèrent, aux yeux des premiers explorateurs européens, un hussard du XIXe siècle en grand uniforme. Nouveau venu dans la famille, le cercopithèque solatus (C.solatus) n’a été découvert qu’en 1986, dans les forêts profondes d’Afrique occidentale. On n’explique toujours pas comment il a pu demeurer caché aussi longtemps dans ces habitats relativement bien connus.

Les cercopithèques diane vivent en Afrique occidentale. Ces superbes singes sont les plus vigilants et les premiers à repérer un danger potentiel

Adaptation et prolifération

Alors que toutes les autres espèces de la famille sont assez localisées, avec des distributions géographiques restreintes, le patas et le vervet se rencontrent dans pratiquement toute l’Afrique subsaharienne. Ils se différencient des autres cercopithèques (tous arboricoles et forestiers) par leur vie au sol et leur préférence pour les bois et les prairies. Cette adaptation aux habitats plus ouverts résulte peut-être des tentatives de leurs ancêtres respectifs pour survivre hors des forêts en déclin durant une ère glaciaire. Leur aire de répartition devait être plus étendue, facilitant les échanges entre groupes et les préservant de l’isolation génétique que connurent les cercopithèques des forêts.

Les singes bleus ont une vaste aire de répartition pour des cercopithèques. Elle s’étend à travers l’Afrique équatoriale, jusqu’aux forêts côtières d’Afrique du Sud, où ils sont connus sous le nom de cercopithèques à diadème

Formation de nouvelles espèces

Les vervets (qui viennent de se voir attribuer leur propre genre, Chlorocebus) fournissent un bon exemple de la façon dont des populations peuvent diverger et former de nouvelles espèces au fur et à mesure de leur isolement géographique. Probablement originaires des environs du lac Victoria en Ouganda, ils ont graduellement progressé vers l’ouest et le sud à travers la savane. Aujourd’hui, si deux populations de vervets voisines sont très semblables, celles qui vivent à chaque extrémité de la répartition géographique sont assez différentes. Plusieurs sous-espèces se sont ainsi formées, puis ont, au fil du temps, évolué en espèces distinctes.

 

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