Définir les espèces de primate
animaux sauvages

Définir les espèces de primate

Le biologiste suédois Carl von Linné (1707-1778) est à l’origine de notre système moderne de classification zoologique. Linné s’attacha à répertorier les animaux et les plantes alors connus en un système cohérent, fondé sur les similarités physiques. Il conçut un système de classification hiérarchique, dans lequel les espèces se trouvaient regroupées en genres, eux-mêmes rassemblés en familles, puis en ordres, et ainsi de suite jusqu’en haut de l’échelle. L’identification des organismes repose principalement sur le genre et l’espèce. Selon le système original de Linné, chaque espèce (y compris la nôtre) est identifiée par un nom latin formé de deux mots, qui spécifie d’abord le genre, puis l’espèce. Linné donna ainsi à l’espèce humaine le nom d’Homo sapiens, l'”homme sage”. Nous sommes les membres de l’espèce “sage” (sapiens) appartenant au genre “de type homme” (Homo).

Classifier les différences :

Au début du XIXe siècle, le système de classification de Linné était censé refléter les ancêtres communs. On pensait ainsi que les espèces qui descendaient du même ancêtre, depuis éteint, étaient semblables, car elles avaient hérité de certaines caractéristiques de cet aïeul commun, même si elles avaient entre temps développé des traits qui leur étaient propres. Les similarités physiques continuèrent donc à influencer largement la classification zoologique, y compris chez les primates.

Cependant, ce système avait ses limites. Quelles différences deux populations animales devaient-elles afficher pour être considérées comme appartenant à des espèces distinctes ?

On s’aperçut également que les taxinomistes travaillant sur différents groupes n’usaient pas toujours des mêmes points de repère. Il apparut que plus, ils s’approchaient de l’espèce humaine, plus la classification devenait raffinée. Ainsi, par exemple, les différences qui séparaient deux espèces de singes ne distinguaient pas deux sous-espèces (ou races biologiques) d’oiseaux, tout comme elles seraient probablement passées inaperçues chez les spécialistes des limaces et des escargots.

La mule résulte du croisement entre un cheval et une ânesse. Bien que plus robuste et plus travailleuse que chacun de ses parents, elle est stérile.

De parfaits exemples :

Le problème provenait en partie de ce que les premiers biologistes avaient emprunté la notion d’espèce aux anciens philosophes grecs, chez qui le terme était usité dans le cadre de la vie quotidienne. Pour eux, les choses partageant un ensemble de caractéristiques devaient être classées dans la même catégorie. Linné et les biologistes de son temps voyaient dans une espèce un groupe d’individus se battant pour atteindre une forme parfaite, et chaque espèce devint identifiable par son “spécimen type”, l’individu censé en être le parfait exemple. Linné lui-même se posa comme spécimen type de notre espèce, et il le demeure à ce jour !

Variation naturelle

Cette conception typologique s’est néanmoins heurtée à la nouvelle vision évolutionniste que les biologistes adoptèrent après la publication, en 1859, de l’œuvre décisive de Charles Darwin, De l’origine des espèces. Darwin voyait le monde comme une entité variable : sans variations, il ne pouvait y avoir d’évolution. Ainsi, loin  de s’évertuer à s’imiter entre eux, les organismes œuvraient à une diversité aussi grande que possible, capable de soutenir de nouveaux développements. Il en découla la définition aujourd’hui largement acceptée d’une espèce : deux animaux appartiennent à la même espèce s’ils sont capables de se reproduire et d’engendrer une progéniture fertile. Cette définition permet d’expliquer les divergences graduelles (mais parfois très rapides) qui apparaissent entre deux populations d’un même espèce à mesure qu’elles évoluent en deux espèces distinctes.

Deux espèces, très proches l’une de l’autre, s’observent avec curiosité

Le continuum génétique

Il n’en reste pas moins que la classification zoologique porte encore les marques de son passé pré-darwinien. Nous classons en catégories distinctes ce qui est en réalité un continuum de similarité génétique. Là où nous devrions évoquer des degrés de parenté ou d’affinité génétique, nous imposons des frontières. Nous continuons à ranger les humains et les deux espèces de chimpanzés Pan en deux genres distincts, quand bien même les vraies différences qui nous séparent le justifient à peine.

 

 

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