Infanticides lémuriens
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Infanticides lémuriens

Les mâles de nombreuses espèces de lémuriens diurnes ont une fâcheuse tendance à l’infanticide. De façon surprenante, cette attitude semble permettre à ces derniers d’augmenter leur propre progéniture.

Ainsi, les lémuriens mâles tuent parfois des petits qui ne sont pas leurs afin que leurs mères puissent s’accoupler de nouveau. En effet, les femelles qui ont un petit ne redeviennent fécondables que lorsque leur progéniture a atteint la maturité, ce qui, chez de nombreux lémuriens, tels les sifakas, peut prendre de 2 à 3 ans. Mais, lorsqu’un enfant meurt, sa mère redevient fertile un an avant l’heure. L’infanticide est donc un bon moyen pour un mâle nouveau venu dans un groupe d’accéder plus rapidement à la paternité. D’un autre côté, l’infanticide incite les mâles qui sont déjà pères à se montrer protecteurs et à rester près de la mère et de l’enfant lorsqu’un mâle étranger rôde alentour. Ainsi, les sociétés de lémuriens sont constituées de couples dans lesquels le mâle cherche à prévenir tout danger. Les makis catta, par exemple, sont hostiles à tout mâle inconnu qui tente de s’intégrer à leur groupe, et il est fréquent de voir un couple combattre et pourchasser ensemble un intrus.

Frugivores, les makis vari roux vivent dans les arbres et ne descendent jamais au sol. On pense qu’ils dispersent ainsi de nombreuses graines de fruit.

Une telle surveillance n’est pas nécessaire chez les prosimiens nocturnes, car les femelles de ces espèces cachent leurs petits dans des nids. Dans de telles conditions, les mâles ne parviennent ni à identifier leurs propres petits ni à déterminer de quelle femelle est issu un petit, ce qui limite les risques d’infanticide. De toute manière, les femelles des prosimiens nocturnes redeviennent fertiles rapidement après avoir mi-bas, ce qui rend l’infanticide quasi inutile. Ainsi, le partage des tâches entre mâle et femelle existe chez les espèces plus grandes de lémuriens, qui transportent leurs petits sur leur dos, et pas chez celles qui les laissent dans un nid ou les cachent dans un arbre lorsqu’elles partent à la recherche de nourriture.

La seule exception à la règle concerne les makis vari, qui vivent en couples unis, mais n’en cachent pas moins leurs enfants dans les branches des arbres quand ils s’éloignent. Chez eux, les mâles restent auprès des petits déposés dans les branches pour les garder, tandis que les femelles vont chercher à manger. En fait, ce comportement n’est pas aussi étrange qu’il y paraît, tant il est clair que l’association entre mâle et femelle a davantage pour but d’assurer la survie de leur progéniture que de “vivre ensemble”.

Si l’intérêt premier des mâles semble être de protéger leurs petits, cela ne les empêche pas de se montrer amicaux avec leur femelle et de passer du temps à la toiletter. Ils restent constamment proches de leur compagne, même si cela risque de les mettre en compétition avec elle pour se nourrir. Lorsqu’un groupe en quête de nourriture se scinde, il se forme des sous-groupes de couples mâle-femelle qui s’approvisionnent ensemble, la femelle prenant, bien sûr, la tête. Ces sacrifices consentis par les mâles sont toutefois récompensés, le bénéfice secondaire qu’ils en retirent — une progéniture saine et adulte — dépassant de loin la perte de quelques cosses de tamaris concédées à une femelle dominante.

 

 

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