La vie du chat
La vie en appartement vous semble contre-nature pour le chat ? Mais vous êtes-vous demandé quelle est la vraie nature de ce petit félin ? Qu’est-ce que la domestication a changé chez lui ? En d’autres termes, qu’est-ce qu’une vie de chat ?
L’éthogramme
Quand on possède un animal, le plus important est d’assurer son bien-être. Être nourri, abreuvé et protégé ne suffit pas. Le bien-être dépend des conditions de vie, qui doivent répondre aux besoins naturels de l’animal… et non aux besoins de son maître ! L’analyse des différents comportements et activités au sein d’une espèce s’appelle l’éthogramme. Connaître celui du chat en tenant compte de ses origines permet de mieux cerner ses besoins.
Le chat sauvage, son ancêtre et cousin
Le petit félin ronronnant sur vos genoux (Felis silvestris catus) aurait comme ancêtres le chat sauvage d’Afrique ou chat ganté (Felis silvestris lybica), qui peuplait l’Afrique du Nord, et peut-être le chat sauvage du désert ou chat orné (Felis silvestris ornata), originaire d’Asie. Ces deux espèces existent encore de nos jours. Le chat sauvage d’Afrique est un félin svelte au pelage de couleur sable, qui vit et chasse en solitaire dans les régions (semi)- arides. Il évite ses congénères et défend les zones stratégiques de son territoire. Son menu quotidien est fait de petites proies (rongeurs, oiseaux, lézards, serpents…). À l’inverse du chat sauvage européen, très farouche envers l’homme, il n’a pas peur d’approcher ce dernier et est l’un des seuls félins à pouvoir s’apprivoiser facilement. Pour cette raison, confortée par des similitudes génétiques et anatomiques entre les deux espèces, Felis silvestris lybica est probablement l’ancêtre du chat domestique.
Sa domestication
Les débuts d’une relation entre l’homme et les chats auraient coïncidé avec la naissance de l’agriculture, et surtout celle des greniers à céréales ! On sait que, dès 4000 ans avant J.C, les civilisations mésopotamienne et égyptienne parvinrent à stocker les excédents de récoltes et eurent recours aux chats pour exterminer les rongeurs, pilleurs de greniers. Plutôt que de domestication, certains auteurs parlent “d’auto-domestication” du chat : c’est le chat qui est venu à l’homme et s’est adapté à sa vie. En effet, l’histoire a voulu que l’un des pires ennemis de l’homme à l’époque – les stocks de céréales représentaient une vraie richesse, et donc le pouvoir — soit la proie préférée du chat sauvage. Peu craintif, ce dernier s’est approché des cités et a commencé à chasser la nuit dans les réserves de blé. De commensal, le petit félin est devenu un animal familier (qui entre dans les maisons), puis, plus tard, de compagnie. Il a évolué au contact de l’homme et aurait connu une mutation génétique mineure, mais indispensable pour sa survie dans un tel contexte : la capacité à s’habituer à notre présence et à vivre à nos côtés. Le chat domestique était né.
Cependant, si l’on compare à d’autres animaux, comme le chien ou la vache, la domestication a entraîné beaucoup moins de changements physiques, anatomiques et surtout comportementaux chez le chat. Sur de nombreux points, il reste très proche de ses cousins sauvages.
Les modifications liées à la domestication chez le chat
- Le chat devient moins dépendant de ses sens pour sa survie, donc la taille de son cerveau diminue.
- Il est moins craintif : ses glandes surrénales, qui agissent sur le réflexe de défense et de lutte, diminuent de taille.
- Il n’a plus besoin de camouflage dans la nature donc sa robe arbore des couleurs variées
- Son régime alimentaire devient relativement moins strict que celui du chat sauvage : son tube digestif s’allonge
- Au contact de l’homme, son répertoire vocal s’enrichit.
- Le chat devient affectivement dépendant de l’homme, et des comportements infantiles persistent à l’âge adulte : ronronnements, jeux, liens affectifs durables…
Le chat de compagnie, un gentil sauvage
Certains le disent distant, indépendant, sans maître… Pourtant, bien socialisé à l’homme, un chat apprécie sa compagnie et ne peut s’en passer. Même s’il n’y a pas de relation hiérarchique entre eux comme entre un chien et son maître, le chat de compagnie est dépendant de l’homme pour la nourriture, le confort, la sécurité et l’affection ! Cela ne l’empêche pas de garder des instincts et un comportement hérités de ses ancêtres sauvages.
Une journée de chat
L’éthogramme naturel du chat, que celui-ci soit sauvage ou domestique, comprend 4 grands types d’activité (ou d’inactivité !) :
- le sommeil
- la chasse et les jeux
- le toilettage
- la satisfaction de ses fonctions vitales, à savoir : alimentation, élimination et reproduction
Le chat domestique diffère de son cousin sauvage par le temps qu’il consacre à chaque activité : il dort et joue plus, chasse moins…
Par ailleurs, il se distingue par l’importance donnée à une activité qu’il a développée au contact de l’homme : les interactions sociales.
Son territoire
Plutôt que de territoire, il serait plus exact de parler de “champs de vie”. Le chat est un animal territorial, donc attaché à l’espace où il vit, au point de l’organiser et de le défendre. Mais son territoire n’est pas une propriété bien délimitée dont les frontières sont défendues contre les intrus. Son territoire s’organise en un ensemble de multiples champs territoriaux (ou champs de vie), zones où le félin effectue une activité particulière (un peu, par comparaison, comme les différentes pièces d’une maison).
On distingue classiquement :
- Des champs d’activité : terrains de chasse, terrains de jeux, zones d’élimination (ses “toilettes”), postes d’observation, lieux où il mange ;
- Des champs d’isolement : ils correspondent aux différents lieux de couchage, au calme et près d’une source de chaleur de préférence !
Le chat passe d’un champ à un autre par un chemin, toujours le même, et se constitue ainsi sur un territoire donné son réseau de “chemins” personnels, qui relient les champs entre eux. Cette organisation permet à plusieurs chats de vivre sur le même territoire, chacun prenant un chemin différent, ce qui permet d’éviter les conflits. Les champs et les chemins sont balisés par des marques odorantes (frottement de la face, dépôt d’urine) ou visuelles (griffades).
Un chat en appartement, est-ce contre-nature ?
Pour qu’un chat puisse vivre heureux en appartement, il faut veiller à satisfaire non seulement ses besoins vitaux (manger, boire, se reposer, bouger…), mais aussi ses besoins comportementaux naturels. En effet, tout l’amour qu’on peut lui donner ne suffit pas ! Il convient de tenir compte de son éthogramme naturel et de faire en sorte qu’il ait les conditions requises pour effectuer les différentes activités qui le composent. C’est important pour son équilibre moral et physique. Ensuite, il faut veiller à ce que l’appartement où vit le chat présente tous les éléments qui lui permettent de l’organiser en champs de vie distincts et stables.
Le saviez-vous ?
Chat haret/ chat sauvage : le chat haret est un chat domestique retourné à l’état sauvage. A ne pas confondre avec le chat sauvage, qui est une espèce sauvage distincte du chat domestique.
Le chat errant
Solitaire dans l’âme, le chat peut aussi vivre dans un groupe organisé et stable. Cependant, son comportement social, c’est-à-dire sa faculté à vivre en société avec les hommes et/ou ses congénères, dépend de trois paramètres : son apprentissage précoce (socialisation), la densité de chats et la quantité de nourriture disponible.
Le chat errant est un chat domestique qui, n’ayant pas connu l’homme étant petit, se méfiera toujours de lui : il reste “sauvage”. Il évite son contact, mais il ne s’éloigne pas des maisons. Il survit souvent grâce à l’homme, se nourrissant de nuisibles sévissant dans ses récoltes ou ses granges, de détritus dans les poubelles ou de croquettes distribuées par des personnes bienveillantes. Il accepte de vivre en groupe si la nourriture ne manque pas, l’absence de concurrence alimentaire réduisant les conflits. Sinon, il préfère chasser seul sur un territoire défendu contre les autres chats.
La structuration d’un groupe de chats errants repose sur les femelles et leur filiation : un groupe stable est composé de plusieurs générations de femelles liées par le sang et de leurs petits. Les mâles sont écartés du groupe à la puberté, se dispersent ou forment de petits groupes satellites. Il n’existe pas de hiérarchie stricte au sein d’une société de chats, à l’inverse d’une meute de chiens. Le statut social n’est pas figé et peut varier d’un jour à l’autre.