Le vétérinaire et vous
le chien

Le vétérinaire et vous

 

On soignait déjà les bêtes aux temps préhistoriques : la découverte de crânes trépanés et d’os fracturés (entourés d’une gaine d’argile en guise de plâtre) nous le confirme. Mais entre ces lueurs pleines de promesses de la médecine des cavernes et la lumière des scialytiques des hôpitaux vétérinaires modernes, une quête longue et obscure s’est poursuivie au fil des siècles.

Petite histoire de la médecine vétérinaire

vétérinaire vient du latin veterinarius, “médecin pour bêtes de somme”. Mais avant de se voir décerner le titre de “docteur”, le médecin des bêtes sera tour à tour un prêtre pratiquant l’exorcisme, chez les Égyptiens, qui croyaient à la réincarnation, un devin, chez les Grecs, un esclave affranchi, à Rome, où il soigne indifféremment fauves et gladiateurs des arènes. Les saints eux-mêmes se feront vétérinaires avant l’heure : la scolastique médiévale entendait en effet conjurer le destin des pestes et des maladies en invoquant saint Hubert, contre la rage, saint Éloi, pour les fractures, et les saints Côme et Damien, pour soulager les animaux de toutes les autres maladies.

À la renaissance

Il faut attendre la renaissance pour que soit enfin publié, en 1598, le premier ouvrage scientifique d’inspiration vétérinaire digne de ce nom : l’anatomica del cavallo (“l’anatomie du cheval”), inspiré des minutieuses dissections du génial Léonard de Vinci. Il faudra pourtant la détermination et la rigueur pédagogique de l’avocat français Claude Bourgelat, fondateur à Lyon de la première école vétérinaire au monde (il dirigea également l’école vétérinaire d’Alfort créée en 1765), ainsi que les découvertes du grand pasteur pour donner à l’art vétérinaire toute sa rigueur et sa dimension médicale.

Très diversifiée aujourd’hui, cette profession médicale ne se limite plus aux seules “bêtes de somme”. Certains vétérinaires continuent, bien sûr, en bons généralistes, à traiter chevaux, chiens, vaches, cochons, poulets ; d’autres se spécialisent dans les soins aux animaux de compagnie.

La médecine vétérinaire moderne

Stimulée par l’explosion de la démographie canine (8 millions en France, 40 millions aux Etats-Unis), la médecine du chien constitue à elle seule, depuis quelques décennies, une vaste discipline aux multiples ramifications dans laquelle œuvrent déjà de nombreux spécialistes (et même des spécialistes du comportement canin, tel le célèbre docteur Fox, aux États-Unis) pour que le meilleur ami de l’homme profite de soins aussi sophistiqués que son maître. L’homéopathie, la phythothérapie, l’acupuncture… ont leurs adeptes. Car d’autres méthodes thérapeutiques sont venues se greffer sur la tradition occidentale ; la médecine chinoise, par exemple, permet d’analyser deux cents sortes de pouls sur le même chien. Mais l’avenir est à la prévention et au dépistage précoce des maladies (cardiaques, rénales, etc) par des analyses de laboratoire (analyse du sang, de l’urine, électro-cardiographie, etc).

Pour faire soigner votre chien, vous avez le choix entre les cabinets de consultation, les cliniques ou même quelques hôpitaux qui regroupent équipe médicale et matérielle de soins complets.

Vous pouvez aussi profiter des consultations des écoles vétérinaires.

Les cliniques modernes possèdent un bon équipement de diagnostic (appareils de radiographie, électrocardiographe, microscope, laboratoire…). Cultures bactériennes, biopsies, analyses de sang y sont devenues des examens de routine. Sur le plan chirurgical, on opère de plus en plus dans des blocs opératoires avec anesthésie gazeuse, moniteur cardiaque et méthodes d’asepsie comparables à ceux utilisés en médecine humaine. L’opération de la cataracte, ou, dans les cas de fractures, la pose de prothèses osseuses ou de plaques à compression vissées, sont autant d’actes chirurgicaux que l’on pratique maintenant sur le chien.

Choisir son vétérinaire

Pour être satisfait, encore faut-il bien choisir votre vétérinaire : celui qui correspond à vos besoins. Tous sont formés dans les mêmes écoles et ont les mêmes connaissances de base. Mais certains ont un penchant naturel pour le chien, d’autres pour le chat ou le cheval. L’âge joue aussi. Après quarante ans de métier, un vétérinaire aura acquis beaucoup d’expérience. Le novice compensera son inexpérience par la connaissance des techniques de ponte et une formation acquise sur des appareils modernes.

Avant de choisir votre vétérinaire,

renseignez-vous auprès d’éleveurs ou de propriétaires de chiens de votre localité. Considérez la proximité du cabinet du praticien et sa disponibilité en cas d’urgence. L’équipement dont il dispose, l’organisation et la propreté des locaux, la courtoisie du personnel et son réel intérêt pour les chiens sont autant d’éléments à prendre en compte. Il existe aux États-Unis des organismes tels L’A.A.H.A. (American Animal Hospital Association) qui imposent leurs normes quant à l’équipement et à la qualité des soins et donnent à chaque établissement qui s’y conforme un certificat d’approbation qui constitue une sorte de label de qualité.

Quant aux coûts des soins médicaux, ils sont proportionnels à la qualité du service ; pour la même chirurgie, les prix peuvent varier suivant que l’on utilise du matériel (champ opératoire, gants, masque, blouse, instruments) totalement stérile ou pas, que le chien est hospitalisé ou non etc. À la différence des animaux de la ferme qui ont une valeur économique, les chiens de compagnie (excepté quelques professionnels : étalons de reproduction, chiens guides d’aveugles, chiens policiers) ont une valeur purement sentimentale et subjective. Soigner un grand champion d’expositions internationales ou un sympathique corniaud entraîne les mêmes dépenses. C’est une question d’engagement personnel vis-à-vis de l’animal.

Comment aider le vétérinaire

Mais si la médecine du chien diffère de la nôtre, c’est bien au niveau de la symptomatologie. Elle rejoint la pédiatrie : comme un très petit enfant, le chien ne parle pas. Aussi, pour aider le vétérinaire à poser son diagnostic, il faut lui fournir toutes les informations pertinentes : quel est le mode de vie du chien (en appartement ou dans un jardin etc) quelles sont ses habitudes alimentaires, ses manies…. vole-t-il des os, l’avez-vous emmené à la chasse, à quelle date votre chienne a-t-elle eu ses dernières chaleurs ?

D’autres éléments que vous découvrez peuvent être importants : parasites cutanés, vers dans les selles, vomis. Si vous devez apporter un échantillon d’urine, vous ferez uriner votre chien dans un bol bien propre et qui aura séjourné 15 minutes dans de l’eau bouillante, puis vous transvaserez le contenu dans un pot d’aliments, lui aussi très propre. Enfin, pour permettre un diagnostic plus complet, apportez un échantillon des selles (l’équivalent de deux cuillerées à thé dans un pot) dans les cas de diarrhée et, en règle générale, lors de la visite annuelle pour les vaccins.

Certains chiens sont d’un naturel nerveux ou agressif.

Pour les visites de routine, il est parfois souhaitable de leur donner un tranquillisant, voire de les museler, et toujours de les tenir en laisse, pou que la salle d’attente du vétérinaire reste un lieu calme. Soigner un animal récalcitrant est parfois malaisé. Il faut donc essayer de coopérer avec le médecin des bêtes ; en restant calme soi-même, en apprenant à maîtriser son chien sur la table d’opération, et en respectant les rendez-vous. Il faut ensuite suivre rigoureusement les conseils médicaux et ne pas arrêter au bout de trois jours un traitement d’antibiotiques prévu pour huit jours, même si le chien semble parfaitement remis. Il y a de gros risques que les germes développent des résistances.

Certains praticiens acceptent de répondre la nuit aux urgences. N’en abusez pas ! S’il ne s’agit pas d’une clinique spécialisée dans le service de nuit, réfléchissez bien avant de réveiller le vétérinaire à trois heures du matin pour rien ; dissociez les vraies urgences de vos angoisses, même si ce n’est pas toujours facile. Dans la journée, lorsque vous téléphonez pour prendre des nouvelles de votre chienne qui vient d’être opérée d’une pyométrite, ne vous offusquez pas d’obtenir des réponses concises. Le vétérinaire est un homme occupé.

Les honoraires sont-ils prohibitifs ? Le vétérinaire est souvent placé devant le problème suivant : comment prodiguer à un chien des soins d’aussi bonne qualité qu’en médecine humaine, comme l’exigent son propriétaire, à des honoraires abordables, et ce, sans subvention de l’État ? Il est normal que la qualité des soins, la sophistication des instruments, les facilités d’hospitalisation, la compétence du personnel infirmier et la disponibilité des services des dimanches et jours fériés se payent.

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