Les chiens des rois, des princes et des bourgeois
Après la renaissance,
les chiens tiennent une grande place dans l’existence des différentes couches sociales. D’un côté, les rois de France, d’Espagne ou d’Angleterre ont à leur disposition des meutes importantes avec lesquelles ils chassent sur de vastes espaces, cependant que leurs épouses possèdent des animaux d’appartement. Tous ces chiens sont soignés par des fonctionnaires spécialisés. Distancés par les rois, et au fur et à mesure qu’ils perdent leurs prérogatives, princes et seigneurs voient leurs meutes réduites. Les bourgeois, eux, s’offrent des chiens ni trop grands ni trop chers dont l’entretien ne grève pas leur budget. Enfin, le peuple, amateur de chiens sans race, de corniauds, les emploie pour garder les troupeaux puisque les mutilations imposées les rendent inaptes à la chasse.
Pour s’occuper de ses meutes, Louis XIII ne rétribuait pas moins de quatre lieutenants, aidés par quatre maîtres de chenil à cheval et dix-sept maîtres de chenil à pied.
Les chiens des rois
Ils commandaient dix-huit meneurs, de grands limiers et quatre employés de chenil et tous devaient justifier de leur naissance, de leur sobriété et de leur crainte de Dieu.
Avec Louis XIV,
les proportions du chenil royal allaient s’amplifier encore. Les grands seigneurs et le dauphin en particulier avaient, eux aussi, des meutes importantes, d’autant plus que jusqu’à la révolution, la quête et la mise à mort du gibier restèrent des privilèges de la noblesse.
La chasse se pratiquait à courre principalement, mais aussi à l’affût ou avec l’aide de faucons. À courre, les meilleures meutes étaient celles formées de chiens blancs du Roy, mais d’autres furent créées surtout à la suite de l’introduction, sous le règne de Louis XIII, d’un groupe de chiens bâtards Anglo-français que jacques 1er avait envoyé au roi en échange de chiens d’arrêt destinés à la chasse aux oiseaux.
En Angleterre,
à la même époque, la chasse était plus répandue et les chasseurs plus nombreux. Ces derniers pratiquaient la petite vénerie, par exemple la chasse au renard ou la chasse aux oiseaux, qui exigent des chiens plus indépendants, moins grands, d’entretien plus facile. C’est pourquoi on assista dans ce pays à la multiplication du nombre des chiens de chasse de petit format, terriers, spaniels, fox et harriers, qui seront exportés dans le monde.
La mode des chiens de compagnie avait commencé à la renaissance. Henri III de France s’encombrait déjà de “papillons” durant ses conseils, et ces animaux venaient même sur son lit, mais c’est aux rois Charles 1er et Charles II d’Angleterre qu’on doit la naissance du chien de compagnie reconnu comme faisant partie d’une race spéciale, le King Charles Spaniel (épagneul king-Charles), petit chien noir et feu ou blanc et orange.
À côté des chiens royaux,
d’autres chiens d’agrément envahirent les salons des femmes de la cour. Il s’agissait de bichons maltais ou bolognais que l’on trouvait également chez les riches bourgeois. D’autres races de ces petits chiens étaient entretenues par les bourgeois des Flandres, carlins, schipperkes, griffons bruxellois et brabançons qui égayaient les foyers de ces marchands.
Au XVIIIe siècle, la chasse se démocratise de plus en plus en Angleterre, et si les limiers et les molosses ont disparu faute de gros gibiers, ils sont remplacés par les spaniels, les setters et surtout les pointers qui, même s’ils avaient besoin de retrievers pour rapporter le gibier, étaient irremplaçables pour le lever grâce à leur flair étonnant.
En France,
Louis XV et ses seigneurs conservaient un goût très vif pour la chasse de type classique, mais la composition des meutes se trouva légèrement modifiée par l’introduction massive de chiens que le roi appréciait tout particulièrement, les braques importés d’Italie et d’Angleterre. On créa ainsi dans notre pays un grand nombre de races de braques, dont le plus célèbre était le braque saint-germain.
Pour la chasse au gibier d’eau, les chasseurs utilisaient de petits chiens protégés du froid par un pelage long et fourni, mais dont il fallait tondre l’arrière-train pour qu’ils ne se noient pas. Souvent boueux quand ils sortaient des marais, ces chiens n’étaient pas autorisés à pénétrer dans les somptueuses demeures. Un jour, une chienne de cette race mit bas quatre chiots noirs et frisés de la plus belle apparence : les ancêtres des caniches.
L’Allemagne,
qui avait créé des races de terriers et de chiens de berger, redécouvrit un chien que l’on croyait sur pattes, dont l’origine est très controversée. Ce chien résulte peut-être d’une mutation brutale qui aurait été entretenue par la suite.
En Russie, on chasse toujours le loup, qui n’a pas encore disparu de l’Europe occidentale et centrale. Et pour cette chasse, occasion de grandes réceptions et de fêtes, toutes les grandes familles de la noblesse élèvent des meutes de magnifiques lévriers, les barzoïs.