Les chiens en Égypte
L’Égypte a connu et apprécié le chien depuis la plus haute antiquité. Comme dans d’autres pays indo-européens, il était si proche de l’homme que celui-ci n’hésita pas à la diviniser. Le chien était en effet indispensable aux Indo-Européens qui, de chasseurs, devinrent éleveurs de troupeaux et non point agriculteurs.
Le bœuf, le chat et enfin le chien, qui prêta son profil à Anubis, dieu des morts et conducteur des âmes, qui veillait sur les sépultures. On a dit qu’Anubis n’avait pas une tête de chien et ressemblait plutôt à un chacal ou à un loup ; pourtant les Grecs appelèrent cynopolis une ville dédiée à ce dieu et se servirent d’un chien à trois têtes. Cerbère, pour garder l’enfer de leur mythologie. En fait, Anubis avait une tête de chien-loup. Bien avant lui, un autre dieu avait pris la forme d’un chien, vers 4500 avant Jésus-christ : seth, dieu du désordre et de la violence, représenté sous la forme d’un lévrier à oreilles droites, mais à queue fourchue.
Il semble bien que l’Égypte ait été la patrie des lévriers européens actuels dont les ancêtres venaient peut-être de Mésopotamie, mais plus certainement d’Éthiopie. Dans le tombeau d’un certain Pti, qui date d’environ 2600 ans avant Jésus-christ, on peut voir un lévrier jaunâtre, à oreilles pendantes, en train de chasser.
Depuis l’aube de leur civilisation,
les égyptiens et leurs artistes s’étaient efforcés de représenter dans leurs tombeaux les décors, les objets, les êtres humains et les animaux parmi lesquels ils avaient vécu, et une stèle, celle d’Antef II, qui date du XIe siècle, constitue en quelque sorte le premier inventaire des races canines. On y voit en effet, à côté du pharaon, deux lévriers, puis une sorte de chien qui ressemble aussi bien à un dingo australien qu’à un berger allemand et surtout un chien très long, véritable ancêtre du teckel, des bassets et des terriers.
Ce fut au début du Moyen Empire égyptien que par croisement avec des limiers, les lévriers acquirent des oreilles tombantes. Leur taille diminua ensuite, car on en fit des chiens de compagnie. Puis, dix-huit siècles avant notre ère, les Hyksos, hordes aryennes venues de haute Syrie, s’établirent en Égypte. Ils étaient accompagnés de lévriers proches des Salukis et notamment de molosses qui restèrent en Égypte après que leurs maîtres en eurent été chassés. Ces chiens furent sans doute utilisés à des fins militaires, et toutankhamon, le célèbre pharaon de la XVIIIe dynastie, s’est fait représenter poursuivant les nubiens accompagné de molosses pourtant des colliers hérissés de pointes de fer.
Il n’y avait pas de chiens de berger pour garder les troupeaux,
et leur rôle était tenu par des enfants ; en outre, les grands prédateurs avaient disparu et l’emploi de molosses ne se justifiaient donc pas. Ces derniers ne furent utilisés à la garde du bétail qu’en Anatolie, où les loups étaient encore nombreux. En Égypte, à la veille du nouvel empire, le chien a perdu de son importance. Si le lévrier bénéficie encore de quelques considérations, puisqu’il est défendu de le maltraiter sous peine de châtiments corporels, et qu’on l’embaume encore, il commence, en fait, une nouvelle carrière, celle d’animal de compagnie.