Les créatures de la nuit
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Les créatures de la nuit

Comme la plupart des prosimiens, ce gracieux loris grêle du Sud-Est asiatique a de grands yeux lui permettant de voir la nuit, et un nez sensible et humide avec lequel il décèle les plus infimes traces d’odeur.

Le terme prosimien signifie « qui précède les grands singes ». En dépit de ce nom, ces primates n’ont ni l’apparence ni le comportement des singes ou des grands singes. Certains prosimiens actuels ressemblent plutôt à des souris, et ce, malgré leurs mains humanoïdes préhensiles, héritées de la lignée des primates. D’autres, aujourd’hui disparus, étaient géants, semblables à ces paresseux dont l’activité consiste en grande partie à se suspendre aux arbres par les mains. D’autres encore, comme le aye-aye, ne ressemblent quasiment à aucune créature terrestre existante ou ayant existé et paraissent venir d’un autre monde. C’est le cas, d’une certaine façon, puisque les prosimiens ne vivent pas une existence diurne, dans un monde dominé par la vision, comme nous et la majorité des autres primates. La plupart d’entre eux sont des créatures de la nuit, qui utilisent leurs sens aigus de l’odorat et de l’ouïe pour explorer un univers nocturne secret empli de sons et d’odeurs.

 

Les survivants du passé 

Les prosimiens sont souvent considérés comme les « parents pauvres » des singes et des grands singes. Les biologistes les décrivent comme des créatures primitives parce que, dans leur anatomie, ils se rapprochent des Adapidae, fossiles d’anciens primates qui vivaient dans les forêts il y a quelque 40 millions d’années, bien avant l’apparition des singes et des grands singes plus « évolués ». Sous certains aspects, les prosimiens ressemblent davantage à leurs lointains parents, les insectivores et les rongeurs, qu’à leurs voisins primates. L’apparition des singes et des grands singes sur la scène de l’évolution causa un singulier préjudice aux prosimiens. Nombre d’entre eux se retirèrent dans les sombres forêts et devinrent actifs la nuit.

Le nom « indri » signifie en fait « le voilà » en malgache. Les premiers explorateurs européens de l’île ont pris les exclamations de leurs guides indigènes pour le nom de l’animal.

Leur mode de vie nocturne explique en partie leur dissemblance avec ce que nous pourrions penser être le primate typique. La nécessité de posséder un sens de l’odorat développé implique que,  comme les chiens, ils ont un nez sensible, humide et une lèvre supérieure fendue par le milieu et rattachée au nez, ce qui augmente leur faculté de détecter les odeurs à l’aide d’un organe spécial logé à l’intérieur de la cavité nasale (l’organe de Jacobson). L’absence d’une lèvre supérieure mobile limite le registre de leurs expressions faciales et restreint leurs possibilités de communiquer visuellement. Leur vie nocturne requiert également des oreilles larges et mobiles pour entendre les proies, des poils sensibles et de grands yeux. Comme ceux des chats, les yeux des prosimiens possèdent une couche réflective qui améliore leur vue par faible lumière.

Parce qu’ils peuvent donner naissance à des portées de plusieurs petits, certains prosimiens ont plusieurs paires de mamelles.

Si quelques-unes de ces caractéristiques sont communes à d’autres mammifères nocturnes, les yeux situés sur le devant de la face, les mains et les pieds préhensiles ainsi que les ongles plats indiquent bien que les prosimiens sont des primates. Ces caractères se retrouvent chez les plus anciens fossiles des primates et, ainsi, les prosimiens nous donnent une meilleure idée de ce à quoi ressemblaient ces animaux préhistoriques. Mais, comme il est peu probable que les prosimiens soient restés inchangés depuis 40 millions d’années, il est faux de penser que nous avons affaire à des fossiles vivants.

Notre intérêt pour les prosimiens dépasse de loin leur rôle de chaînon entre les premiers primates et les singes et grands singes d’aujourd’hui. Ils constituent un groupe fascinant, qui possède des caractéristiques qu’on ne trouve nulle part ailleurs dans le règne animal. Et, bien qu’ils soient primitifs en termes d’évolution, leur comportement a quelque chose d’exceptionnel. Leur façon de communiquer, de s’accoupler, de porter leur progéniture sur le dos et de se garder du danger révèle un monde captivant et souvent complexe.

Le globe oculaire d’un tarsier est plus grand et plus lourd que son cerveau. Ses yeux bougeant que peu dans leur orbite, le tarsier tourne la tête, comme le font les chouettes, pour voir de tout côtés.

Comment voir dans l’obscurité :

Pour trouver des prosimiens, il faut s’aventurer la nuit avec une lampe torche, avec un peu de chance, son rayon tombera sur deux cercles lumineux brillant intensément dans la nuit sylvestre : les yeux d’un prosimien. S’ils brillent ainsi, ce n’est pas pour le bon plaisir de ceux qui cherchent à les voir, mais pour accroître leur vision nocturne.

Les yeux des prosimiens reflètent la lumière grâce à une surface brillante spéciale logée au fond de l’œil, le tapetum. Celui-ci est une espèce de tissu cristallin plat qui forme une couche supplémentaire de la rétine (les cellules sensibles à la lumière qui tapissent l’intérieur de l’œil). 

Ces « cristaux » accroissent la faculté de l’œil à capter la lumière en modifiant sa longueur d’onde lorsqu’elle vient frapper le tapetum. Les récepteurs de lumière de la rétine sont plus sensibles à la lumière jaune, mais, en modifiant la longueur d’onde des rayons lumineux, le tapetum fait que la rétine est bien plus stimulée qu’elle n’aurait dû l’être. Le tapetum réfléchit aussi la lumière en arrière de la rétine, donnant une seconde chance aux récepteurs rétiniens de capter une faible lumière. C’est cette réflexion lumineuse qui donne aux yeux leur aspect brillant.

 

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