Les macaques
Bien que les habitats des babouins soient étonnants dans leur diversité, la palme revient aux macaques. Après avoir remarquablement prospéré, ce groupe a conquis presque tous les habitats imaginables, des montagnes de l’Atlas marocain aux forêts tempérées du Japon.
Certaines des 19 espèces de macaques occupent les habitats les plus extrêmes. Avec sa petite population de l’île de Gibraltar, le macaque de Barbarie (ou magot) est ainsi le seul primate non-humain d’Europe, tandis que le macaque du Japon est, à part l’homme, le primate vivant le plus au nord et le plus à l’est. À l’extrême nord du Japon, il doit endurer des hivers très rudes. Protégé par sa fourrure épaisse et fournie, il a adopté un comportement pour le moins inhabituel pour combattre la dureté hivernale : il se réchauffe en s’enfonçant jusqu’au cou dans des sources chaudes naturelles. Bien loin de ce climat glacial, le macaque à longue queue, ou macaque crabier, habite le sud-est de l’Asie.
Les macaques vivent dans les arbres et au sol ; comme les babouins, ils sont omnivores. Les espèces d’Asie ont des habitats et des modes de vie semblables à ceux des cercopithèques et des babouins d’Afrique. Certains, comme le macaque silène du sud de l’Inde, ressemblent, par leur allure et leur comportement, aux cercopithèques ; d’autres, tels le macaque rhésus, le macaque à bonnet et le macaque du Japon, se rapprochent plus des babouins.
Si de grandes capacités d’adaptation caractérisent les macaques dans leur ensemble, elles sont encore plus marquées chez des espèces comme le macaque à longue queue, le macaque rhésus, le macaque couronné et le macaque à bonnet. Au contraire des autres singes, qui s’accommodent plutôt mal des modifications infligées à leurs habitats par l’homme, ces espèces y parviennent sans difficulté, et l’on peine même à contrôler leur nombre, ce qui leur a valu le surnom d'”espèces mauvaises herbes”.
Les macaques du Japon vivent volontiers près de l’homme. Dans certaines régions, ils sont nourris et constituent une attraction touristique, ajoutant un peu de “couleur primatologue” au paysage enneigé.
Le supplément de nourriture apporté par les touristes a provoqué une hausse du taux de natalité et une augmentation en flèche des populations. Les groupes de 1000 individus ne sont pas rares. Ces groupes gigantesques sont organisés autour d’un ensemble de familles matrilinéaires dirigées par une seule femelle. Les familles les plus dominantes sont généralement les plus grandes, et elles se réservent le meilleur des friandises des touristes. Lorsque ces groupes deviennent trop grands, l’ordre social se dégrade inévitablement, et les repas se transforment en mêlée ouverte.