Les origines des primates
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Les origines des primates

Il y a 65 millions d’années, une météorite géante, s’écrasant quelque part près de la presqu’île du Yucatan au Mexique, sonna le glas de l’ère des dinosaures. Les poussières et les cendres résultant de l’impact engendrèrent un “hiver nucléaire” et, incapables d’affronter le climat plus froid et les changements de végétation, les dinosaures disparurent. Libérés de la concurrence face à ces reptiles, qui avaient dicté leur loi durant 250 millions d’années, les petits mammifères qui se cachaient dans les sous-bois ou évoluaient au sommet des arbres se trouvèrent soudain dans un paradis écologique. Parmi eux, les Plésiadapidae (des animaux aux allures d’écureuil, apparentés à la musaraigne et au hérisson d’aujourd’hui), se diversifiant au sein de nouvelles niches écologiques, engendrèrent les premiers primates. Issu de ces humbles débuts, par un long et sinueux chemin à travers les âges, l’homme entra finalement en scène.

Les dinosaures ont dicté leur loi durant 250 millions d’années. À leur disparition, il y a 65 millions d’années, les mammifères primitifs, tels les Plésiadapidae, ont pu se diversifier.

La naissance des primates

Les primates représentent l’une des plus anciennes lignées de mammifères vivant aujourd’hui. Leurs origines remontent à l’ère des dinosaures, voilà plus de 65 millions d’années. En grande partie nocturnes et probablement solitaires, leurs ancêtres se nourrissaient d’insectes et faisaient leurs nids dans des trous  d’arbres, à l’instar des prosimiens d’aujourd’hui, tels les galagos et les lémurs.

Les Plésiadapidae

Les ancêtres des primates ne sont pas considérés comme des primates eux-mêmes. Ils ont en fait leur propre sous-ordre mammalien, les Plésiadapidae. Ces mammifères arboricoles affichaient des caractéristiques bien éloignées de celles des primates, dont de longues incisives centrales semblables à celles des rats et un cerveau relativement petit. Certains fossiles suggèrent l’existence de pans de peau reliant les bras aux jambes, qui servaient peut-être à voler d’un arbre à l’autre. Les Plésiadapidae montraient de grandes variations de taille, de 10 g (à peine le poids d’une cigarette) pour le plus petit à 3 kg (le poids d’un chat) pour le plus gros. Typiquement de la taille d’un écureuil, ils en avaient probablement l’apparence et le comportement, mais la plupart d’entre eux, si ce n’est tous, étaient nocturnes. Ils se nourrissaient vraisemblablement d’insectes, bien que certains aient pu être frugivores, voir folivores.

Survivant à l’extinction massive qui eut raison des dinosaures, les Plésiadapidae ont prospéré entre 70 et 55 millions d’années avant notre ère, avant de disparaître à leur tour. Malgré leur passage sur Terre relativement court, leur groupe a été particulièrement florissant. On a découvert plus de 100 espèces fossiles, souvent à partir de minuscules fragments d’os de mâchoire qui portaient encore de toutes petites dents. Ce sont surtout ces dents, comparables à celles des primates actuels, qui nous ont fait classer les Plésiadapidae comme leurs proches parents.

Os inférieur de la mâchoire (1cm de long) d’un Plésiadapidae (wyoming, États-Unis). Pour la plupart, ces derniers ne sont connus que grâce à leurs dents, qui fossilisent mieux que les os plus tendres.

Diversifiés en de nombreuses espèces, ils ont occupé les régions boisées et forestières de tout l’hémisphère nord. La température sur Terre était alors de 10 à 15°C plus élevée qu’elle ne l’est aujourd’hui. Les zones auparavant tempérées (et qui le sont à nouveau de nos jours) étaient tropicales, et le climat de Paris ressemblait davantage à celui de Bombay aujourd’hui.

Les Plésiadapidae, les tout premiers ancêtres de la famille des primates, ont coexisté avec les derniers dinosaures. L’espèce Plesiadapis ressemblait probablement à ceci.
Disparu il y a seulement 1000 ans, le Megaladapis était un lémurien géant folivore de 70 kg.

Les Adapidae

Il y a environ 55 millions d’années, une hausse spectaculaire de la température provoqua une vague d’extinctions, bien que pas d’une aussi grande ampleur que celle qui décima les dinosaures. Si les Plésiadapidae succombèrent, un groupe ancêtre des primates survécut : les Adapidae, des animaux de la taille d’un chat, dont les premiers fossiles ont quelque 55 millions d’années.

Les Adapidae furent les premiers vrais primates. Plus grands que les Plésiadapidae, ils possédaient les traits distinctifs des primates d’aujourd’hui, comme des ongles à la place de griffes, un cerveau relativement développé et des pouces opposables qui leur permettaient de se déplacer en saisissant les branches. À la différence des Plésiadapidae, leurs yeux étaient orientés vers l’avant, leur offrant une vision en trois dimensions. Sous bien des aspects, ils ressemblaient davantage aux prosimiens actuels (lémurs, galagos et leurs semblables) qu’aux singes et grands singes : ils vivaient principalement dans les arbres, de jour comme de nuit, et se nourrissaient de préférence d’insectes et de fruits.

Avec plus de 180 espèces mises à jour dans les couches fossilifères datant de 55 à 40 millions d’années, ce fut l’un des groupes mammaliens les plus abondants de cette époque. Certains étaient même encore vivants il y a 5 millions d’années. À l’instar des Plésiadapidae (mais à la différence des primates actuels), ces premiers membres de la famille des prosimiens n’avaient élu domicile que dans les régions alors tropicales de l’hémisphère nord (au sud des États-Unis et de l’Europe au nord de l’Afrique du Nord et de l’Inde, et en Asie du Sud).

Crâne fossile d’un Adapidae découvert en France. Premiers vrais primates, les Adapidae étaient très présents en Europe il y a 55 à 40 millions d’années.

Nouvelles niches, nouvelles espèces

Les zones fossilifères qui retracent l’histoire de la Terre il y a 40 à 35 millions d’années demeurent particulièrement silencieuses. Nous ne savons guère ce que cache cette mystérieuse “grande coupure”, si ce n’est que lorsqu’elle prit fin, le monde avait connu un bouleversement spectaculaire. Les températures avaient chuté de plus de 10°C et le niveau des océans, de 400 m par endroits, atteignant leur plus bas niveau depuis 65 millions d’années. Les forêts tropicales, qui abritaient les primates, se déplacèrent alors vers l’équateur, jusqu’à leur emplacement actuel. Les primates devinrent dès lors des espèces réellement équatoriales, principalement circonscrites aux tropiques.

Un autre bouleversement marque la fin de la grande coupure fossilifère ; un groupe de primates totalement nouveau apparut : le groupe des simiiformes, auquel appartiennent les singes et les grands singes.

 

Les premiers simiiformes

Les premiers simiiformes fossiles furent découverts dans les lits érodés des rivières de Ouadi Fayoum, au bord du désert saharien en Égypte du Nord. Les falaises de sable n’ont pas toujours été aussi inhospitalières en ces lieux, et le climat y était luxuriant et humide il y a 30 à 35 millions d’années. Le long des berges opulentes des forêts serpentaient des rivières paresseuses, qui devinrent stagnantes et laissèrent la place aux marécages.

Des crocodiles, des oiseaux aquatiques et d’étranges créatures préhistoriques, apparentées aux hippopotames et aux éléphants, s’affairaient le long des cours d’eau.

Dans les arbres, à l’abri des dangers de la terre ferme, des primates d’un nouveau genre scrutaient le paysage : les premiers simmiformes. Ils étaient manifestement différents des prosimiens Adapidae des 20 – 25 millions d’années précédentes. Les griffes des pattes postérieures avaient disparu et les orbites avaient rétréci, indiquant le passage d’un mode de vie nocturne à une activité diurne.

Ces modifications importantes semblent liées à un passage du régime insectivore au régime frugivore. Les insectivores, comme les prosimiens, repèrent en général leurs proies, plus actives la nuit, par les odeurs et les bruits, d’où leur large centre olfactif cérébral et leurs grandes oreilles. Le passage à un régime frugivore coïncide donc avec une activité diurne, une moindre dépendance par rapport au sens olfactif et un élargissement des zones cérébrales assurant la vision.

 

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