L’instinct de défense et l’agressivité
Le chien défend instinctivement son territoire contre l’intrusion de ses congénères ou d’êtres humains. Cela s’explique : le chien, élevé parmi les hommes, voit dans ces derniers des membres de sa famille, au même titre que ses congénères. L’invasion de son domaine par un animal d’une autre race (cheval ou autre mammifère à l’exception du chat) le laisse indifférent, dans la plupart des cas.
L’éthologue Tinbergen a étudié le comportement territorial des chiens esquimaux. Dans les villages, les mâles adultes forment des meutes. Chacune possède un territoire qu’elle défend contre les membres de toutes les autres meutes (le chien dominant, le plus souvent un mâle robuste, assume la responsabilité de cette défense). Les mâles adultes connaissent parfaitement les limites des territoires et ne les franchissent pas. Les jeunes, en revanche, ne semblent pas les connaître, et quand, au cours de leurs promenades, ils s’aventurent sur le territoire des autres, ils sont sévèrement punis.
Défense du territoire
C’est de cet instinct de défense du territoire que le chien tire ses qualités de gardien. L’animal surveille le terrain, le jardin ou la maison, avec vigilance et, à la moindre alerte, donne l’alarme en aboyant. Certaines races sont réputées pour leurs aptitudes à la garde. Mais on trouve d’excellents gardiens dans toutes les races.
L’agressivité qui traduit l’instinct de défense du territoire contre l’intrusion de rivaux n’est pas, comme l’agressivité d’ordre sexuel, affectée par la castration.
Instinct de défense
Si les maîtres ont habitué un chien à recevoir la visite d’autres humains, l’animal ne montrera vraisemblablement pas d’agressivité envers les invités, surtout s’il est parfaitement soumis à son maître, le chef de la meute. C’est donc à ce dernier que revient l’initiative de la défense du territoire.
Dans un jardin clos,
dans un appartement, le chien se sent à l’abri. Si l’on ouvre les portes, il cesse d’être en sécurité et se sent acculé, menacé sur son territoire. La situation est identique quand on ouvre les portes d’une voiture, gardée par un chien. Selon son tempérament, le chien grogne ou attaque directement. Si, quand le chien aboie et se fait menaçant, l’intrus ne prend pas la fuite, l’animal, déconcerté, perd souvent son agressivité. Mais si l’individu fait demi-tour, le chien se considère comme efficace, redouble ses aboiements et montre les crocs.
Quand la manifestation d’hostilité envers les intrus est liée à la défense du territoire, il ne faut jamais frapper le chien. Il faut simplement le gronder et l’isoler dans une pièce, chaque fois qu’il grogne ou aboie en présence d’invités. N’oublions pas que le chien qui agresse un intrus fait son devoir et que son instinct de défense du territoire lui permettra de mettre en fuite un éventuel cambrioleur.
Ce sont surtout les enfants qui se font mordre par les chiens de garde : des statistiques américaines montrent qu’aux États-Unis, la moitié des morsures ont pour victimes des moins de vingt ans, et que, dans 10 % seulement des cas, il s’agit de morsures graves. Lorsqu’un enfant s’approche du territoire d’un chien, il risque forcément de réveiller l’instinct de défense de l’animal et, comme il ne s’en rend pas compte, le chien le mord. On reproche trop souvent aux chiens de se montrer agressifs. En fait, ils n’attaquent jamais sans raison.
Comportements agressifs
Les comportements agressifs des chiens ont des causes complexes ayant leur source dans le psychisme de l’animal. L’instinct d’attaque et de défense, exacerbé par le dressage, n’explique pas toujours l’agressivité, d’autres instincts entrent en jeu : maternel, instinct de chasse et de poursuite du gibier.
En France, en 1982, deux dogues allemands, un mâle et une femelle, réputés pour leur gentillesse, se sont échappés d’un enclos et acharnés sur un enfant de huit ans qui est mort de ses blessures. Comment expliquer un tel accident ? Peut-être par un influx très fort de plaisir et de joie que donne la sensation d’être soudainement libre, ou par les odeurs de la campagne qui réveillent l’instinct de la chasse, faisant ressortir la nature profonde du prédateur.
Les deux chiens partent en quête. Deux enfants se trouvent sur leur chemin, prennent peur, crient, tentent de s’enfuir. On assiste alors au réveil de l’instinct de chasse.
L’instinct de protection pour la femelle qui est à ses côtés peut aussi expliquer le comportement agressif du mâle. Un autre facteur a pu intervenir : l’émulation. Le chien dominé suit l’exemple du chien dominant. Ajoutons que l’agressivité ayant sa source dans l’instinct sexuel est un phénomène courant, car l’animal qui ne peut satisfaire ses pulsions n’a que deux solutions : le refoulement et la névrose ou l’agressivité.