Pour le 3ᵉ âge : le dernier compagnon
En un temps où la famille, au sens large du terme, a éclaté et où hommes et femmes, en prenant de l’âge, entrent dans un univers qui n’est pas toujours tendre pour eux, le chien apparaît souvent comme le dernier compagnon. Il est celui qui permet de se rattacher à la vie, de vaincre la solitude. Il oblige son maître à ne pas céder à la tentation de se laisser aller et de se refermer complètement sur lui-même. Pour le chien, il va falloir se lever, descendre l’escalier, parfois péniblement, préparer la nourriture. Le besoin exigeant de ne pas se sentir inutile est comblé.
Le chien vieillit doucement en même temps que son maître ou sa maîtresse et leur attachement commun grandit au fil des années. Et puis un jour, pour la personne âgée vient la maladie, une infirmité l’empêchant de se déplacer, avec quelques fois des difficultés financières accrues. Et quand sonne l’heure de quitter son logis pour aller dans une maison de retraite, le drame éclate. Rien qu’à l’idée de se séparer de leur ami à quatre pattes, certains dépérissent, tentent en vain de faire adopter l’animal, car, bien souvent, les animaux ne sont pas admis dans les maisons de retraite.
Refus de séparation
Alors de vieilles personnes, refusant de placer leur animal dans un refuge, malgré leur état de santé déficient, demeurent chez elles jusqu’à la dernière extrémité pour ne pas sacrifier leur compagnon. D’autres, trop lasses pour lutter, emmènent leur ami pour une dernière promenade chez le vétérinaire. Ce traumatisme d’une rupture brutale, cette absence ressentie comme une déchirure, peut les culpabiliser définitivement, et dans quelques cas extrêmes, les pousser au suicide.
Les directeurs de la plupart des maisons de retraite qui refusent les chiens arguent des problèmes d’hygiène posés par ces derniers, ainsi que des réactions anti-canines de certains pensionnaires. Or, dans les établissements acceptant les animaux, une centaine seulement en France sur les quatre mille recensés, on a constaté que les chiens apportent à la communauté de personnes âgées un regain d’intérêt pour l’existence.
Le fait a été prouvé aux États-Unis où près de 1200 animaux ont été introduits dans une maison de retraite de Pennsylvanie. Les résultats observés en huit ans sur environ 1000 pensionnaires montrent que les personnes âgées, en s’occupant d’un animal, sont obligés d’avoir une activité physique et mentale régulière qui augmente leur longévité. Alors, pourquoi les obliger à couper ce dernier lien affectif les rattachant au monde, au risque de leur enlever définitivement le désir de vivre ?