Tarsier : le chaînon manquant ?
animaux sauvages

Tarsier : le chaînon manquant ?

A la différence de nombreux autres prosimiens, les tarsiers ne mangent pas de végétaux. leur régime comprend des invertébrés ou autres petits animaux comme les lézards

Les tarsiers sont les primates les plus fascinants. Anatomiquement, ils présentent un mélange des caractères primitifs des prosimiens et des caractères les plus sophistiqués des singes et grands singes. Cette combinaison en fait d’excellents candidats au titre d’ancêtre commun reliant les prosimiens aux autres primates plus évolués. Leurs traits physiques pourraient nous donner une assez bonne idée de la manière dont les singes ont pu évoluer depuis leur ancêtre prosimien nocturne. 

Cette idée d’un “chaînon manquant” entre les prosimiens et les singes est séduisante dans la mesure où elle nous aide à relier ces deux familles très disparates et donne un sens à l’arbre généalogique des primates.

Semblables en cela aux singes, les tarsiers ne donnent naissance qu’à un seul petit. La plupart des prosimiens donnent naissance à plusieurs petits.

Les trois tarsiers

Les tarsiers sont de petites créatures aux yeux à fleur de tête, qui vivent au cœur des forêts du Sud-Est asiatique. Il en existe trois espèces : le tarsier des Philippines, le tarsier de Horsfield et le tarsier-spectre. Ils se ressemblent tous par la taille, la couleur, leur fourrure douce et velouteuse et leurs très longs membres postérieurs. Comme les galagos d’Afrique, ils grimpent à la verticale et bondissent d’arbre en arbre. Les trois espèces ont un régime constitué d’insectes et de petits vertébrés, tels des lézards ou des chauves souris, bien que le tarsier de Horsfield soit également capable de tuer des oiseaux plus grands que lui. Du fait de leur vie nocturne, les tarsiers ont des yeux énormes mais leurs globes oculaires ont des mouvements restreints, ce qu’ils compensent en tournant la tête à presque 180°, comme les chouettes.

 

Semblables, et pourtant différents

Si les tarsiers sont apparemment semblables à la majorité des primates nocturnes, une étude plus approfondie dévoile leur morphologie atypique. Comme les autres prosimiens, ils sont dotés d’un maxillaire formé de deux parties, de griffes aux orteils, de multiples mamelles et d’un utérus constitué de deux cavités séparées. Par contre, ils n’ont pas de couche réflective (tapetum) au fond des yeux.

De même, leur nez n’est pas humide, mais chaud et sec comme celui des singes et des grands singes, et leur lèvre supérieure est mobile et velue. Leurs dents sont également identiques à celles des singes, avec de grandes incisives supérieures centrales, de petites incisives inférieures et de grandes canines. Ils ne montrent pas non plus de trace “du peigne dentaire” (qui sert à se toiletter), un signe distinctif des prosimiens. Les tarsiers partagent aussi avec les singes une activité sexuelle mensuelle et un cycle menstruel.

L’anatomie des tarsiers présente à la fois des traits propres aux prosimiens et d’autres qui sont caractéristiques des singes et des grands singes.

Une évolution à rebours ?

Il est possible cependant que les tarsiers ne soient pas du tout une sorte de chaînon manquant. Ils seraient alors une espèce de petits singes qui serait revenue en arrière, à une vie semblable à celle des prosimiens, quelque temps après l’apparition des premiers singes évolués. Ce retour à un mode de vie nocturne aurait été rendu possible par le fait que les galagos n’ont jamais atteint l’Asie et qu’ainsi la niche écologique qu’ils auraient alors occupée est demeurée libre.

En ce cas, les traits prosimiens que présentent les tarsiers ne seraient pas dus au fait qu’ils sont de plus proches parents des prosimiens que des singes, mais au fait que de tels traits sont ceux requis pour s’adapter à un mode de vie nocturne. Les tarsiers ne représenteraient donc pas un pas en avant dans la lignée des prosimiens, mais plutôt un pas en arrière dans celle des singes.

Ces deux théories sont controversées et vivement débattues. Il est peu probable que nous sachions jamais quelle voie les tarsiers ont suivi dans l’évolution. Toutefois, une meilleure compréhension du comportement de ces étranges et passionnants animaux nous apportera sans aucun doute de précieux enseignements.

 

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.