Une vie menacée – les lémuriens
La surface couverte par les forêts vierges de Madagascar a considérablement diminué durant les 50 dernières années. Elles représentaient 12,5% de la surface de l’île en 1950, et seulement 2,8% en 1990. Aujourd’hui, 23% des forêts sont des réserves naturelles, mais, malheureusement, il n’est pas dit qu’elles le resteront toujours. La réserve d’Andranomena située à l’ouest de Madagascar, par exemple, a vu sa surface réduite de 44% depuis 1950. La rapide expansion de la population humaine malgache fait que des portions de terre de plus en plus grandes doivent être dévolues à l’agriculture vivrière. Toutefois, la plus grande menace réside dans l’utilisation du bois comme combustible, qui représente environ 80% de l’abattage des arbres et est la principale cause de la déforestation de Madagascar.
Le plateau central de l’île a été presque entièrement déboisé, et nul primate n’y vit plus aujourd’hui, alors qu’il y a encore 1000 ans, on pouvait y trouver toutes les espèces de lémuriens. Seules les forêts côtières de l’ouest et de l’est abritent encore des lémurs, mais leur vie est également menacée. Leurs habitats forestiers étant de plus en plus morcelés, il leur devient de plus en plus difficile de passer d’une parcelle à l’autre pour se nourrir ou se reproduire. La situation est si grave que la préservation des forêts de Madagascar est, sans aucun doute, la première mesure d’urgence internationale pour la sauvegarde des primates. La plupart des primates de l’île sont en effet en danger, y compris les aye-aye, les indris, les makis couronnés et les cheirogales à oreilles velues. Un grand nombre d’espèces et de sous-espèces, dont les sifakas à diadème, sont proches de l’extinction, et si aucune action n’est entreprise, il ne restera plus aucun lémurien dans un siècle.
Le lémur mongoz modifie son activité en fonction du climat : il est nocturne par temps sec, et diurne par temps humide.
Espoirs de survie
Le poids de la menace qui pèse sur chaque espèce de lémuriens dépend de son mode de vie. Les lémurs ont des nourritures variées, ils sont à la fois diurnes et nocturnes et peuvent occuper des habitats très différents. Cette flexibilité signifie qu’ils pourront continuer de prospérer tant que la taille de leurs forêts ne descendra pas en dessous d’un seuil critique.
Bien que s’adaptant plus difficilement, les lépilémurs ont des chances raisonnables de survie, leur nourriture – les feuilles – étant la plus abondante. Ce sont en fait les espèces les plus spécialisées qui sont les plus menacées. Les hapalémurs, par exemple, ne prospèrent que dans les parties les plus humides des forêts malgaches. Perdre cet habitat déjà restreint mènerait rapidement cette espèce à l’extinction.
Les lémuriens les plus en danger sont ceux qui vivent sur les côtes, là où les forêts ont été découpées en petites parcelles très espacées. Les sifakas et les indris souffrent plus encore, non seulement à cause de la réduction de leur habitat mais aussi parce qu’ils sont chassés pour leur viande. Il est difficile de maintenir ces espèces en captivité, aussi la protection de leur habitat naturel est le seul moyen de ne pas les perdre à jamais.
Malheureusement, il n’est guère facile de résoudre les problèmes posés par Madagascar. Les populations humaines ont besoin d’espace et de ressources vivrières, ce qui érode inévitablement les habitats naturels. Le conflit entre populations humaines et vie sauvage se retrouve sur tout le globe, mais le fait que Madagascar soit une île limite radicalement toute expansion humaine ou animale. On peut seulement espérer qu’il n’est pas trop tard et que l’on pourra, par des efforts concertés, sauver quelques lémuriens pour les générations futures. Cela est d’autant plus important que ces lémuriens sont à la fois des animaux uniques et des chaînons vivants nous reliant à nos lointains cousins et ancêtres primates.