Les primates aujourd'hui
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Les primates aujourd’hui

Le lépilémur à pieds blancs est typique de la population exceptionnelle des prosimiens de Madagascar. Celui-ci exhibe son “peigne dentaire” (formé par les incisives inférieures et utilisé pour le toilettage), qui n’existe que chez les prosimiens.

Depuis leur apparition, les primates ont colonisé avec succès les habitats tropicaux de la Terre ; ils sont par conséquent restés des animaux des tropiques. Une seule lignée s’est libérée de cette contrainte ancestrale, celle qui donna naissance à l’homme moderne. Notre aptitude à survivre dans les climats tempérés et sub-arctiques, nos capacités d’invention et de construction (agriculture, embarcations…) nous ont offert des possibilités bien au-dessus de celles de nos cousins primates. Mais, la réussite de l’espèce humaine a provoqué une explosion démographique qui menace aujourd’hui de nombreuses autres espèces. Nous sommes les témoins de la sixième extinction massive de l’histoire de la planète, la première depuis la disparition des dinosaures. Loin d’être épargnés, nos cousins primates sont en déclin sur la Terre entière. La plupart ne célébreront pas le prochain millénaire avec nous, dans un peu moins de mille ans.

 

La classification des primates

Les espèces de primates actuels se répartissent en deux groupes principaux : les prosimiens (“qui précèdent les grands singes”). Les prosimiens sont les descendants directs des primates Adapidae d’il y a 40 millions d’années, et leur ressemblent sous bien des aspects, en particulier par leur mode de vie nocturne (bien que certains soient diurnes) et leur système reproducteur. En revanche, les simiens (les singes et grands singes de l’Ancien Monde et les singes du Nouveau Monde) sont le résultat de l’évolution de certains de ces mêmes prosimiens. Elle les conduisit à un mode de vie diurne et herbivore, ainsi qu’à un comportement beaucoup plus sociable, souvent au sein de larges communautés très stables.

 

Les prosimiens

Les prosimiens forment un groupe diversifié aux allures très variées. Ils n’en partagent pas moins des caractéristiques primitives, qui les distinguent des simiens. Leur existence repose davantage sur l’odorat, et les aires cérébrales correspondantes sont plus développées. Leur cerveau est proportionnellement plus petit, ressemblant davantage à celui des insectivores (musaraigne, hérisson et apparentés, l’autre grand groupe mammalien dont les origines remontent aux derniers dinosaures).

Divers groupes se dégagent au sein des prosimiens. Par convention, on classe à part les tarsiers, qui ont leur propre groupe (les études génétiques ont d’ailleurs montré qu’ils sont plus proches des singes et grands singes que des autres prosimiens). Les tarsiers ne s’apparentent aux prosimiens que par leur adaptation à une niche écologique de même type (celle d’un insectivore nocturne nichant dans les arbres).

Les autres prosimiens sont répartis en deux groupes principaux, les lémuriformes et les lorisiformes. Ces derniers comprennent à leur tour deux grands groupes : les galagos d’Afrique (avec onze espèces identifiées), ainsi que les loris et les pottos (avec trois espèces de loris en Asie du Sud-Est et quatre espèces du pottos en Afrique). Le groupe des Lémuriformes est, quant à lui, unique sous bien des aspects. On les rencontre exclusivement sur l’île de Madagascar, aux larges de la côte Sud-Est de l’Afrique. Il est représenté par un éventail d’espèces exceptionnellement riche, aux allures, modes de vie et niches écologiques extrêmement variés. On dénombre trente-trois espèces vivantes de lémuriens, et au moins quinze autres qui ont disparu il y a seulement 1000 ans. Il est vraisemblable que d’autres espèces de lémuriens disparues nous sont inconnues. Ainsi, les os des petits animaux sont délicats et fossilisent moins bien que ceux des grands animaux, qui constituent la majeure partie des spécimens fossilifères.

ON CONNAÎT ACTUELLEMENT 234 ESPÈCES DE PRIMATES MAIS ON EN DÉCOUVRE ENCORE DE NOUVELLE.

 

Les simiens

Les singes et grands singes (regroupés sous le terme de simiens) forment la seconde branche principale de l’arbre des primates.

À la différence des prosimiens, ils sont plutôt corpulents, et, à une exception près, tous diurnes. Leur cerveau est également plus développé, de même que leur vision des couleurs — très souvent associée à un régime frugivore -, et ils font preuve d’une plus grande intelligence et d’un mode de vie profondément sociable.

Nous adoptons ici la classification courante selon laquelle deux grandes catégories regroupent les simiens :

Les singes et les grands singes. Scientifiquement, cependant, les simiens se répartissent en deux groupes assez différents : les singes du nouveau monde, et les simiens de l’ancien monde (qui comptent à  la fois les singes et les grands singes). Divers arguments justifient ces deux systèmes de classification. D’une part, les singes du Nouveau monde ont en commun de nombreuses caractéristiques qui les distinguent des grands singes. Certaines sont relativement anodines : tous les singes ont une queue, contrairement aux grands singes. D’autres sont plus significatives : les grands singes (et par définition les humains) ont un cerveau plus développé et se montrent beaucoup plus intelligents que les singes. Les singes et les grands singes correspondent, à cet égard, à des “niveaux” évolutifs différents, les seconds étant plus avancés intellectuellement que les premiers.

D’un autre côté, tracer une frontière entre les primates du nouveau monde et ceux de l’ancien monde reflète fidèlement l’histoire évolutive des primates et leurs relations génétiques. Les grands singes (dont nous-mêmes) et les singes de l’ancien monde ont plus de points communs entre eux qu’avec les espèces du nouveau monde. Plusieurs différences anatomiques notables rendent bien compte de cette classification. 

Les narines des singes du nouveau monde sont larges et orientées sur les côtés, tandis que celles des simiens de l’ancien monde sont étroites et dirigées vers le bas. L’assemblage des os du crâne et la dentition différente également : les humains et toutes les autres espèces de l’ancien monde sont dotés de huit prémolaires (les dents masticatrices), alors que les singes du nouveau monde en ont douze (selon un schéma qui s’apparente plus aux prosimiens et aux primates fossiles d’il y a 40 millions d’années).

Ces différences suggèrent que les singes du nouveau monde sont assez semblables aux ancêtres communs des simiens du nouveau et de l’ancien monde. De fait, bien plus que les espèces de l’ancien monde, ils ressemblent beaucoup aux fossiles de simiens découverts dans le lit des fleuves du Fayoum en Égypte. En effet, depuis que les deux espèces se sont séparées (il y a probablement quelque 30 millions d’années) les singes de l’ancien monde ont davantage évolué.

 

 

 

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