L’apprentissage de la parole

Le fabuleux don d’imitation des perroquets possède un revers. Alors que votre perroquet amusera vos amis par sa capacité à imiter la parole humaine, il pourra rendre fou les membres de votre famille en imitant l’alarme de la voiture du voisin ou la sonnerie du téléphone d’une manière si parfaite que vous ne pourrez pas vraiment le distinguer de l’original.

La propriétaire d’un gris ne savait plus à quel saint se vouer après que son perroquet a appris à imiter en son absence un sifflement aigu destiné à un chien. Comme elle avait un problème d’audition qui était fortement aggravé par ce sifflement haut perché, elle envisageait de trouver un nouveau foyer pour son gris. Mais, qui voudrait d’un tel oiseau ? Réfléchissez bien à ce que vous apprenez à votre perroquet ou aux sons auxquels vous l’exposez. S’il imite les sons qu’il ne faut pas et que vous ne pouvez plus le garder, son avenir peut être compromis. C’est particulièrement vrai si vous apprenez des obscénités à votre oiseau.

Les scientifiques pensent que la capacité des perroquets à imiter les sons révèle l’importance de la vocalisation pour former des liens dans un groupe social ou pour faire connaître sa prédisposition à l’accouplement, comme les chants d’oiseaux. Dans le cas des perroquets, l’imitation est connectée avec un fort désir de nouer un lien. Souvent, les attentes des propriétaires sont irréalistes vis-à-vis du comportement et de la capacité à parler. En effet, ils nécessitent tous deux beaucoup de temps et de patience. Sans cela, le propriétaire risque de tomber de haut, surtout si le perroquet a été acheté pour de mauvaises raisons.

La pire des raisons pour laquelle on achète un perroquet est le désir d’avoir un oiseau qui parle. Il ne faut pas acheter un perroquet pour sa capacité à imiter. Il doit être admiré pour la merveilleuse créature qu’il est, pas parce qu’il fait quelque chose qu’une machine sait faire. Il faut l’aimer parce qu’il est différent d’un être humain ! Au lieu de vouloir lui apprendre notre langage, écoutez ses vocalisations et tentez de comprendre ce qu’elles signifient. Vous découvrirez que certains sons sont systématiquement utilisés dans certaines situations. Ils peuvent signifier que votre perroquet demande à goûter ce que vous préparez ou ce que vous mangez, ou encore qu’il veut sortir de sa cage ou y entrer.

Comme le gris du Gabon a la réputation d’être d’excellent parleur, de nombreuses personnes intéressées par cet aspect achètent un gris comme premier perroquet, sans comprendre qu’il est bien plus exigeant qu’un chat ou un chien. La plupart des gris ne prononcent pas un mot avant l’âge d’un an. C’est très certainement une source de désillusion pour quelqu’un qui est principalement  intéressé par la capacité des perroquets à parler. Certains gris commencent à imiter des sons dès l’âge de six mois, mais c’est un âge très tardif par rapport à certains perroquets néo-tropicaux. La plupart de ces perroquets ont prononcé leur premier mot avant même d’être sevrés ! Lorsque vous entendez votre perroquet en train d’essayer d’imiter une phrase ou un mot, répétez-le, puis félicitez l’oiseau.

Selon ce même principe, les perroquets pourront apprendre à siffler des airs. C’est notamment le cas d’espèces telles que le gris du Gabon, pour lequel les sifflements font partie des vocalisations naturelles.

La capacité à parler dépend de deux facteurs principaux : l’aptitude naturelle et un environnement stimulant, avec des personnes sympathiques. Un perroquet malheureux n’apprendra jamais à parler. Aucun véritable amateur de perroquets ne mettra l’accent sur sa capacité à parler. Est-ce vraiment si important ? Une bonne relation entre le perroquet et son maître est bien plus importante — comme celle qui existe entre mon amazone à front jaune et moi-même. Après 38 ans passés avec moi, son vocabulaire se compose en tout et pour tout de cinq mots, probablement parce que je n’ai pas cherché à lui apprendre quoi que ce soit ! Pour moi, la joie de posséder un perroquet ne réside pas dans ce que je peux lui apprendre, mais dans ce qu’il peut m’apporter. Un propriétaire réceptif ne cesse jamais d’apprendre !