Dans le sable et sous les roches
vie sauvage

Dans le sable et sous les roches

la face dorsale de l’étoile de mer est lisse et bordée d’une frange de piquants blanc crème. Cet hôte familier des plages peut atteindre 12 cm de diamètre et creuse les couches de sable superficielles

Étoiles et piquants

Les oursins tels que les spatangues appartiennent à l’embranchement des échinodermes (porteurs de piquants) qui ne comportent pas seulement la classe des échinides, mais aussi celle des astéridés (étoiles de mer), les ophiurides (ressemblant aux astéries, mais avec des bras démesurés et grêles) et les bolothurides (ou concombres de mer). Ils constituent l’un des groupes d’invertébrés marins les plus nombreux, succès qu’il faut attribuer d’abord à leurs remarquables appareils respiratoires et ambulatoires : les gouttières ambulacraires. Les extrémités des gouttières ambulacraires se modifient selon la fonction qu’elles doivent assurer, adoptant une forme pointue pour une activité sensorielle, arrondie pour la respiration, hérissée de piquants pour ramasser le sable et appliquer du mucus sur les parois du trou ou se munissant de ventouses pour la nourriture ou pour adhérer à des surfaces dures.

Après avoir repéré la forme en étoile de l’entrée d’un entonnoir, il est possible d’extraire le spatangue qui en est l’architecte en enlevant délicatement le sable aux abords de l’entonnoir jusqu’à ce que l’on sente son corps globuleux. On peut ensuite ramasser l’animal afin d’examiner la structure de son corps. Au sommet de la coquille se trouve la zone qui permet de creuser et d’entretenir l’entonnoir. L’extrémité antérieure est munie d’un sillon qui guide la nourriture vers l’appareil buccal sur la face inférieure. Derrière la bouche se trouve une zone de piquants de forme élargie permettant l’animal de se déplacer. Enfin, la partie postérieure assure le drainage et l’évacuation des déchets. Replacez l’oursin sur le sable. Après quelques instants, il commencera à creuser le sable sur ses flancs, la partie antérieure basculera légèrement en avant et au bout de vingt minutes environ, l’animal aura entièrement disparu dans le sable.

Une autre série de gouttières ambulacraires, situés vers l’arrière du corps, sont destinés à construire et maintenir un tube horizontal sur approximativement 10 cm, derrière l’animal. Le courant amenant l’eau dans l’entonnoir pénètre dans ce tube, emportant sur son passage les déchets qui s’infiltreront entre les grains de sable, canalisés comme par une gouttière.

Les étoiles de mer et leurs proches parents, les ophiures, possèdent en général cinq bras, courts et robustes pour les premières, longs, souples et grêles pour les seconds. Tandis que l’étoile de mer commune vit au milieu des récifs et sous les rochers, l’ophiure s’aménage une petite cavité dans le sable, gardant juste l’extrémité de ses bras et le somment de son disque central saillant à la surface, à peine visibles. Le courant d’eau provoqué par les vibrations ciliaires pousse la nourriture et l’oxygène le long des bras vers l’appareil buccal et les branchies, tandis qu’un courant inverse évacue les déchets depuis le centre de l’animal. Mais, les ophiures, qui s’enfouissent également dans le sable, ont mis au point une autre stratégie pour maintenir ces courants essentiels. Elles vivent un peu plus profondément dans le sable (à 10 cm environ) mais l’extrémité de leurs longs bras peut encore dépasser à la surface. Deux des cinq bras assurent le flux centripète et un ou deux autres bras le flux centrifuge. Cela laisse le cinquième bras libre, enroulé sous le disque central de l’ophiure, comme au repos.

En fait, il sert probablement à recharger ses glandes à mucus. Car fouir le sol est une activité qui demande beaucoup de mucus, pour s’opposer à l’abrasion des grains de sable tranchants et consolider le trou. Au bout d’un certain temps, un autre bras suspend son activité de pompage pour prendre la place du bras au repos.

Les astéries et les ophiures sont loin d’être aussi répandues sur les plages de sable que les autres invertébrés. Si vous avez la chance de rencontrer une ophiure, notez combien les piquants de la face supérieure sont aplatis pour assurer une protection renforcée contre le sable. Retournez-la ensuite pour observer les rangées de gouttières ambulacraires le long de chaque bras, de l’extrémité jusqu’à l’appareil buccal. Mais, les invertébrés ne sont pas les seuls hôtes du sable. À marée haute, des poissons comme le gobie de sable se frayent un chemin jusqu’aux vagues de surface pour glaner des débris organiques. Si vous marchez au bord de l’eau à marée basse, vous apercevrez peut-être un éclair argenté, sans doute d’une anguille de sable qui s’est vite dissimulée dans le sable, tête la première, à une vitesse étonnante. Les anguilles de sable sont l’aliment de base de certains oiseaux marins.

les spatangues sont pourpres ou rosés. Contrairement aux oursins communs, ils possèdent des piquants très courts. leur corps présente un motif radiaire à cinq branches, typique des astéroïdes.
les spatangues creusent le sable à l’abri des regards. La plupart du temps, rien ne trahit leur présence, même sur les plages où ils sont répandus.

Invités payants 

Une maison occupée, mais avec de l’espace disponible, est chose très recherchée. Le trou du spatangue, en particulier son vestibule toujours rempli d’eau, attire plusieurs résidents supplémentaires, parmi lesquels un minuscule bivalve, la coquille de Montagu. Pas plus de 4 mm de long, trois ou quatre de ces commensaux peuvent vivre dans l’habitacle de l’oursin, attachés à ce dernier par un faisceau de filaments-le byssus. Parfois, quand on ramasse un oursin, on peut voir ces mollusques qui pendent à l’arrière comme un minuscule mobile. Ils trouvent ici le gîte et le couvert et contribuent, de leur côté, à maintenir l’endroit propre.

La ressemblance des coquilles allongées du solen à un couteau d’un modèle un peu ancien lui a valu son surnom
Les coquilles reliées par une charnière, ou bivalves, tels que cette coque, s’ouvrent pour laisser passer leur pied qui leur sert à fouir le sol

Les solens (ou couteaux)

Ces animaux sont difficiles à observer vivants. Les extraire du sable n’est pas simple parce qu’ils se cassent très vite. Sur certaines plages, vous observerez peut-être d’habiles pêcheurs en train d’attraper des couteaux : ils se déplacent doucement, puis laissant tomber une tige métallique à la verticale, dans le trou ; ils en retirent l’animal qui a refermé ses valves sur la tige. Ce difficile exercice blesse souvent l’animal. Une autre technique consiste à laisser tomber du sel dans le trou. Le mollusque, qui n’apprécie guère ce changement brusque de la salinité, quitte son habitacle pour remonter à la surface.

Le grand gravelot est fréquent sur les côtes de Bretagne et s’observe de plus en plus à l’intérieur des terres, surtout en période de migration
Avec leur élégant plumage noir et blanc et leur cri strident, les huîtriers pies sont l’un des échassiers visibles dans notre pays et les plus faciles à reconnaître
En France, les plages de sable et les vasières des estuaires sont un territoire de chasse idéal pour les deux espèces de barges – la barge à queue noire sédentaire et la barge rousse – hivernant chez nous

Les échassiers d’hiver

En hiver, un grand nombre d’espèces d’échassiers en provenance de l’Arctique visitent la France parce que cette saison y est moins rude. Même lors des hivers les plus rigoureux, les plages de sable ne gèlent jamais. Des milliers d’alouettes hausse-col, de chevaliers et de bécasseaux forment des bandes qui attendent patiemment la marée basse pour aller chercher des crevettes échouées, de petits poissons et des vers, ainsi que de minuscules mollusques enfouis dans les couches supérieures de sable. Des échassiers plus grands tels que les courlis et les barges fouillent le sable en quête de vers marins. Les huîtriers pie fracassent les moules et les coques pour manger leur chair. Les bandes d’échassiers de plusieurs milliers d’individus ressemblent à un nuage de fumée quand elles s’envolent en virevoltant dans les airs.

Les bécasseaux sanderlings se précipitent au-devant de hautes vagues pour attraper des débris organiques à la surface. Il leur manque un doigt postérieur, sans doute pour mieux courir.

Les herbiers de posidonies

Au printemps, la marée descendante révèle parfois un tapis d’algues d’un vert lumineux, avec des thalles pouvant atteindre 50 cm de long et 1 cm de large : les posidomies. Cette algue, occasionnellement appelée “herbe aux anguilles”, est l’une des rares plantes phanérogames (à fleurs) ayant réussi à coloniser la mer.

Sa présence dans les eaux superficielles permet à certains animaux de s’établir sur ses thalles et de creuser le sable entre ses racines. L’une des espèces animales le plus fréquemment attachées à ses racines est une anémone pourvue de tentacules verts et pourpres non rétractiles. Une méduse à l’ombrelle fine, la lucernaire, qui, au lieu de se propulser en rejetant l’eau derrière elle. Comme la méduse commune, vit attachée par le sommet de son ombrelle aux thalles des algues, est, elle aussi, un hôte spectaculaire.

Chaque plage est un écosystème unique : l’environnement (le biotope) constitué par la nature du sable, celle des vagues, le fait de savoir si les marées basses coïncident avec le moment le plus chaud de la journée et si les marées apportent un plancton riche en larves prêtes à s’installer pour se métamorphoser en adultes sont autant de facteurs affectant la faune et la flore de chaque type de plage.

Les bécasseaux variables peuvent rester en hiver sur la lande humide au sol recouvert de neige. Ils migrent alors vers les plages de sable de l’Atlantique, où la nourriture est abondante.
Les bécasseaux minutes fréquentent de préférence le littoral occidental et méditerranéen ainsi que la Corse, mais ils hivernent surtout en Camargue.

Observez la nature

Explorer une plage :

  • Les plages de sable de l’Atlantique forment parfois de grands massifs de dunes qui se déplacent sans cesse (le pila). D’autres forment un cordon appelé “tombolo” qui relie une île au continent (Quiberon, par exemple). Occasionnellement, les sables se transforment à nouveau en roche (cap Fréhel)….
  • Les mers agitées déplacent quantité de vers marins, de mollusques et autres animaux qui sont normalement enfouis, invisibles, dans le sable. Après une tempête et des marées exceptionnelles, partez à leur recherche.
  • Certaines plages sont de véritables zones de dépôts où l’on trouve toutes sortes de débris marins, surtout après les tempêtes : algues, crabes, souris de mer, (aphrodites), étoiles de mer, crabes masqués etc.
  • La plupart des animaux de la plage ne peuvent être observés vivants qu’à condition de les extraire du sable. Mais, ceci les expose aux prédateurs et souvent, ils ne peuvent retourner assez vite se cacher. Alors Il vaut mieux les laisser en paix.
 

 

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.